Affaire Birama Toure : ce que la justice malienne reproche au journaliste Abdoul Niang

Nouveau rebondissement dans l’affaire Birama Touré, journaliste malien porté disparu depuis 2016 : le journaliste Abdoul Niang est placé sous mandat de dépôt, ce jeudi 5 août 2021. Il est soupçonné de « subornation de témoin ».  

« Abdoul Niang est inculpé pour association de malfaiteurs, complicité d’enlèvement, de séquestration et de tortures », a appris Horon TV auprès de sources proches du dossier. Journaliste, réputé proche de l’ancien régime, Abdoul Niang aurait aussi croisé un des témoins dans l’affaire Birama Touré, lors d’un séjour à la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Un témoin jugé « clé » par la justice malienne, car il aurait vu Birama Touré vivant dans les locaux de la Sécurité d’État.  

A sa sortie, Abdoul Niang aurait fait part de ce témoignage aux éventuels suspects dans l’affaire. De l’argent aurait ensuite été distribué pour répandre des rumeurs sur les réseaux sociaux dans le but de discréditer Adama Dramé, journaliste d’investigation et ancien collègue de Birama Touré, et Papa Mambi Keïta, un commissaire de police exilé en France après avoir enquêté sur l’affaire.  

Retournement de veste  

Depuis l’arrestation du général Moussa Diawara, ancien patron des services de renseignement maliens la semaine dernière, Abdoul Niang a fait plusieurs sorties sur les réseaux sociaux pour défendre ce dignitaire de l’ancien régime. Une de ses dernières sorties date de mercredi soir sur la page Facebook Ouverture média (OM). Pour la justice, ses sorties font partie d’une stratégie visant à discréditer l’enquête.  

Depuis quelques jours, le témoin, dont l’identité n’a pas été révélée, avec lequel Abdoul Niang serait rentré en contact et qui a d’ailleurs déjà parlé sous enregistrement à des journalistes de Reporters sans frontières (RSF), aurait commencé à retourner sa veste. Il aurait même tenté d’enrôler les autres témoins avec lui. La justice, qui suivait tous ses mouvements, le soupçonne d’avoir reçu la somme de 10 millions de francs CFA, avec une promesse de poste. « C’est alors que les juges ont décidé d’arrêter M. Niang pour mettre un frein à la subornation de témoin en cours et à la campagne d’intoxication entreprise », assure notre source.  

Tentative d’assassinat d’un témoin  

La même source ajoute qu’un autre témoin a échappé à une tentative d’assassinat, mercredi soir. Il a été suivi par un véhicule 4X4 de couleur blanche aux vitres noires, alors qu’il quittait tardivement le cabinet du juge d’instruction après une longue journée de déposition. « Nous pensons que le gouvernement doit prendre des dispositions pour protéger les témoins dans cette affaire, car en face il n’y a pas de plaisantins », ajoute une autre. La sécurité du procureur et du juge d’instruction a été renforcée depuis quelque temps.  

D’après RSF, le journaliste Birama Touré été arrêté et détenu dans une prison secrète de la Sécurité d’État pendant plusieurs mois. L’un de ses codétenus a révélé qu’il avait ensuite été tué par balles fin 2016. Toujours selon RSF, au moment de sa disparition, le journaliste enquêtait sur une affaire de mœurs impliquant Karim Keïta, le fils de l’ancien président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, qui vit dans un pays voisin et fait aujourd’hui l’objet de mandat d’arrêt dans l’affaire.  

Le rédaction horontv.ml