Il y a de cela un an jour pour jour que les militaires sous la conduite du vice-président de la transition, mettaient fin aux fonctions du président et de son premier ministre. C’était un lundi 24 mai 2021. Retour sur cet évènement qui a changé le cours de la transition.
Issu de la 7ème promotion de l’EMIA de Koulikoro, ce colonel de l’armée de l’air, Bah Daw a côtoyé le pouvoir depuis le règne du général Moussa Traoré dont il fut son aide de camp. Ce n’est donc pas un novice du pouvoir qui a été désigné par un collège le 21 septembre 2020. Réputé pour son intégrité, cet ancien chef d’état-major de l’armée de l’air, savait taper du poing sur la table quand il n’est pas d’accord. C’est sa qualité d’homme à poigne qui lui a valu la confiance des militaires auteurs du coup d’État du 18 aout 2020.
Investi le 25 septembre, Bah Daw nomme deux jours plus tard l’ex-chef de la diplomatie sous Amadou Toumani Touré, ATT, comme premier ministre qui, à son tour, forme un gouvernement sans base politique et sociale. Nonobstant un programme d’actions très ambitieux, adopté par le Conseil National de Transition en février 2021, force était de constater que neufs mois après le gouvernement était à bout de souffle et dans une incapacité de s’atteler aux réformes politiques et institutionnelles indispensables.
Fragilisé par des grèves persistantes dont celles des administrateurs civils et de l’UNTM qui a fini par décréter une grève illimitée. Alors que la situation sécuritaire dans le pays restait toujours préoccupante, c’est face à toutes ces insuffisances de résultats et de contestations sociales que le premier ministre Moctar Ouane a rendu sa démission le 14 mai 2021 avant d’être reconduit le même jour par le président.
Lundi 24 mai 2021, à la mi-journée, la lecture de la liste du nouveau gouvernement est faite sur la chaine nationale. Quelques heures après cette annonce, le président Bah Daw et son premier ministre Moctar Ouane, ont été arrêtés et conduits au camp militaire de Kati par son vice-président, l’homme fort de l’ex-CNSP.
« Les élections prévues se tiendront courant 2022 »
Selon plusieurs observateurs, l’une des principales raisons de ce second coup de force contre les dirigeants civils de la transition est l’éviction de la liste du nouveau gouvernement, de deux militaires qui déclenche le mécontentement de la junte. Le colonel Sadio Camara qui occupait le Ministère de la défense et des anciens combattants et le colonel Modibo Koné qui était ministre de la sécurité, actuel patron du service des renseignements.
Le lendemain, mardi, jour de coup d’état au Mali, dans un communiqué, le colonel Goïta donne des précisions : « Dans les démarches de constitution d’un nouveau gouvernement, le Premier ministre nouvellement reconduit a établi une liste de gouvernement en accord avec le président de la Transition, sans concertation avec le vice-président en charge des prérogatives à lui conférer par la charte, à savoir : la Défense et la Sécurité », pouvait-on lire.
Le vice-président dit s’être vu « dans l’obligation d’agir pour préserver la charte de la Transition et défendre la République en vue de placer hors de leurs prérogatives, le président et son Premier ministre ainsi que toutes les personnes impliquées dans la situation. ». Il rassure tout de même que des élections se tiendront « Le vice-président tient à préciser que le processus de transition suit son cours normal, et que les élections prévues se tiendront courant 2022. »
Assimi Goita qui occupait un poste taillé sur mesure devient d’office président de la transition, courtise à nouveau le M5-RFP, le redouté mouvement qui a mené la contestation contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keita, en désignant le président de son comité stratégique Choguel Maïga premier ministre, l’un des principaux opposants qui dénonçait la militarisation de l’administration. Ce changement de commandant de bord en pleine tempête dans une mer agitée a complètement changé la direction du navire. Les militaires ont désormais la mainmise sur le pouvoir.
Dans la foulée de ces évènements, la France condamne un second coup d’État et annonce l’arrêt de ses opérations militaires au Mali. C’est le début d’une crispation sans précèdent entre les deux alliés dans la lutte contre le terrorisme. Bamako se tourne vers la fédération russe et s’engage contre Paris dans une guerre diplomatique et médiatique.
Après un an de gestion du pouvoir critiquée, les autorités actuelles bénéficient d’un soutien de la population qui apprécie la montée en puissance des forces armées maliennes. Force est de constater que les sanctions infligées au Mali depuis janvier, à cause du retard d’un chronogramme pour les élections, pèsent lourd.
La rédaction horontv.ml