De quelque poignée de productrices, elles sont aujourd’hui à plus de 1200 femmes qui peuvent produire une trentaine de tonnes par an dans la commune rurale de Siby. Cet endroit est tenu par la coopération de productrices de beurre de Karité de la commune rurale de Siby, (COOPROKASI), organisée en groupements de base dans les villages que constituent ladite commune. La Maison du Karité installée dans la ville permet aujourd’hui aux femmes un peu d’autonomie financière, mais a cependant besoin d’accompagner pour booster ses activités.
Les transformations locales des plantes constituent un véritable facteur de création d’emploi en Afrique en général et au Mali en particulier ou le Karité se transforme en or. Dans une localité du pays, non loin de Bamako, notamment dans la commune rurale de Siby, est installée la Maison du Karité depuis 2003.
Responsable au niveau de la comptabilité de la Maison du Karité, Mme Kamissoko Kinimba Niaré, raconte que ce sont les 21 villages de la commune rurale de Siby et les trois communes du Mandé qui se sont réunis pour demander à la mairie de chercher un partenaire. C’est ainsi que la Maison du Karité a été installée en 2003. « Nous avons d’abord bénéficié de formation dans la sélection des noix de Karité en bon état et beurre de Karité en Afrique et en Europe », dira-t-elle. Au départ, explique Kinimba, la coopérative était composée de 660 membres (femmes) en 2003. Les employées étaient moins d’une vingtaine. Il y avait des coordinatrices, animatrices. Mais actuellement, nous sommes plus de 1200 membres, a-t-elle précisé. La comptable rapporte que le chiffre d’affaires annuel de la Maison est estimé à plus de 30.000.000 Fcfa.
A Siby, selon la présidente de la Coopérative des Productrices de Beurre de Karité, Mme Camara Assitan Koné, les femmes utilisent de beurre de Karité pour toute sorte d’usage, de l’alimentation aux applications cosmétiques. Elles récoltent de façon collective les fruits du Karité pour les transformer traditionnellement jusqu’à l’obtention du beurre. Les autorités communales reconnaissent les apports de la Maison au développement de la commune. La Maison du Karité, selon le maire de la commune rurale de Siby, Daouda Keita, contribue fortement au développement socio-économique de la commune à travers les produits fabriqués et vendus sur place. Au-delà, ajoute l’élu communal, l’avantage de cette Maison du Karité est que ça suscite beaucoup de clientèle extérieure. L’autorité communale n’a cependant pas oublié de mentionner quelques difficultés auxquelles font face les braves femmes de la Maison. C’est une situation qui préoccupe la mairie de la commune. Pour le maire de la commune rurale de Siby, Daouda Keita, une telle structure a besoin d’être innovée, et le développement nécessite de coûts. Donc, la Maison a toujours besoin de partenaires pour éduquer certaines difficultés. « A décembre et janvier déjà, il commence à faire chaud. Donc, pour la conservation des produits, la Maison a vraiment besoin de chambres froides », indique le maire Keita. A ses dires, il y a besoin crucial d’appuyer cette structure afin de moderniser au mieux non seulement favoriser la qualité des produits qui seront fabriqués et en même pour prévenir le problème écologique.
Selon la gérante de la Maison du Karité, Filfing Koumaré, la Maison dispose de parcelle d’hectare. Par manque de moyen, les femmes n’arrivent pas à clôturer. En abandant dans le même sens, la présidente de la Coopérative des Productrices de Beurre de Karité à Siby, Mme Camara Assitan Koné rapporte qu’en plus, la Maison manque de l’accompagnement. « L’une des difficultés est le manque d’accompagnement. On n’a pas d’appui. Le fait que toutes les charges incombent à la Maison, cela constitue une difficulté énorme », a-t-elle évoqué.
Le processus de production du beurre de Karité demande un travail artisanal assez passionnant, mais par moment très pénible. Employée à la Maison du Karité, Niagalé Camara, explique le processus depuis le champ jusqu’à l’obtention du beurre. Selon elle, les femmes se rendent d’abord au champ afin de sélectionner les noix de Karité en les triant. Il s’agit bien évidemment des graines bien mûres qui ne soient pas directement cueillies dans les branches d’arbre. Les amendes sont apportées pour les décortiquer le même jour. Les amandes extraites ensuite sont étalées sous soleil pour séchage.
« Trois jours plus tard, on nettoie les noix trois fois avant de les mettre dans une marmite propre contenant de l’eau tiède pour cuisson pendant une trentaine de minutes. On les étale ensuite dans un endroit sain sous une température convenable. Cette opération peut prendre une quinzaine de jours », explique Niagalé.
Par la suite, ajoute l’employée, on procède au concassage des amandes en particules dans un mortier. Elles sont ensuite lavées à l’eau et étalées. Après séchage, les graines seront concassées dans un mortier avant de les passer au moulin pour être moulues. Il faut rappeler que l’opération du moulin est assez complexe nécessitant un opérateur qui a la maitrise de technique, raison pour laquelle elle est généralement confiée à un homme. « Après que le moulin a donné une pâte, on passe au barattage dans un récipient contenant un peu d’eau. Après avoir mis trois fois de l’eau chaude, la couleur devient claire. On verse de l’eau. Lorsque l’écume remonte, on lave quatre fois jusqu’à ce que la couleur marron foncé du départ s’éclaircisse. La pâte est mise en cuisson. La pâte se fond et se transforme peu à peu en liquide très noir dans une marmite au feu afin qu’elle ne se noircisse.
Une fois tirée de la marmite, les femmes procèdent au filtrage à l’aide d’une tige », explique Salimata Camara, au niveau de la salle de conditionnement. Ensuite, elles enlèvent les impuretés. Le lendemain, elles reviennent pour remuer le liquide et dégager des impuretés au fond de la marmite. L’huile remuée avec une tige pendant une trentaine de minutes pour homogénéiser l’épaisseur devient assez lourde. Le beurre est donc solidifié.
Dans sa forme finale, le beurre de Karité est rangé dans des pots sur lesquels est posée l’étiquète de l’entreprise. Suite à l’emballage, les produits finis sont transportés dans les magasins de stockage pour la commercialisation.
Cheffe Magasin au niveau du Stockage, Mme Koné Baminata Sinaba, complète qu’après avoir fini avec le travail, les emballages sont acheminés vers elle. « J’enregistre dans un cahier de registre pour archivage. A travers ça, on connait les dépenses annuelles lors de l’assemblée générale. C’est avec moi que la responsable de la boutique de la Maison fait ses commandes », a-t-elle expliqué.
Outre le beurre de Karité, la Maison du Karité produit d’autres produits dérivés, tels que cométiques. A l’image de Filfing Koumaré, gérante au niveau de la boutique de vente : « Après l’obtention du beurre de Karité, le produit est fabriqué pour autre usage comme la transformation en savon, pommade et d’autres applications cosmétiques », explique la gérante de la Maison du Karité. Elle ajoute qu’elles font le mélange de beurre de karité et concombre pour obtenir du savon. En plus, le savon d’asile verte mélangée avec du beurre de Karité. Très bon pour le soin de la peau », agrémente-t-elle. Dans la généralité, il faut savoir que le beurre de Karité a des qualités apaisantes et protectrices pour la peau.
En dépit de l’apport de la Maison du Karité au développement de commune, la production n’est pas assez vulgarisée. Les productrices sont en manque d’équipements modernes de production. Cette ancienne pratique a besoin d’innovation, ce qui nécessite un accompagnement à l’endroit de ces braves femmes.
La Rédaction : Horontv.ml