Les autorités maliennes de la transition tenteront une nouvelle fois de convaincre les chefs d’États de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest en leur proposant un calendrier acceptable avant le prochain sommet prévu début juin.
Le colonel Assimi Goïta, à sa seconde prise du pouvoir par la force, il y a un an, avait rassuré que la transition suit son cours et avait promis d’organiser des élections générales courant 2022. Comme initialement proposer par les précédentes autorités. Le premier ministre Choguel Kokalla Maïga, lors de la présentation de son programme d’actions gouvernementales, s’est aussi engagé devant le Conseil National de Transition en début d’août de relever le délit de tenir les élections en février 2022.
Plusieurs observateurs ont jugé irréaliste ce délai. La communauté internationale a plusieurs fois exprimé son inquiétude en ce qui concerne le non-respect de ces échéances, ne voyant pas d’avancées majeures dans les préparatifs.
L’État malien au lieu de s’assumer en faisant part directement aux partenaires l’impossibilité de respecter ce calendrier, s’est lancé dans une manœuvre dilatoire en brandissant la souveraineté du pays et disent laisser le soin au peuple de décider de la durée de la transition lors des Assises Nationales de la Refondation, prévues pour octobre mais qui ont finalement eu lieu en fin décembre.
Ainsi, plus de six mois se sont écoulés sans actions concrètes pour le retour à l’ordre constitutionnel. Le rapport final des ANR laisse une ambiguïté autour de la durée de la transition, car les différentes propositions allaient de six mois à cinq ans de transition.
Le président Goïta a fait parvenir une copie ces conclusions aux chefs d’État de la CEDEAO avant le 31 décembre, date de la fin de l’ultimatum lancé par l’organisation de la sous-région. En effet, elle avait exigé au Mali de lui soumettre un calendrier avant ladite date sous peine de sanctions. Ce document a été rejeté par la CEDEAO, elle a prévu en urgence un sommet en début janvier.
Réunis le 9 janvier en double sommet à Accra, les chefs de la CEDEAO et de l’UEMOA décident de sanctionner le Mali en fermant toutes ses frontières avec lui, en gelant les avoirs de l’État malien et en arrêtant toutes transactions financières avec lui.
C’est un bras de fer qui dure depuis plusieurs mois, la CEDEAO voit son autorité se faire défier par le Mali et tente de maintenir son influence dans la région en essayant de fléchir le Mali. Les autorités maliennes de leur côté s’appuient sur la fibre nationaliste des Maliens avec des discours révolutionnaires en ouvrant plusieurs fronts contre la communauté internationale dont la France.
Des voix se sont levées pour dénoncer ces sanctions, notamment leurs illégalités, mais face à une épidémie de coup d’État dans la région, la CEDEAO reste droit dans ses bottes.
Pour tenter de trouver une solution à cette crise, plusieurs pays et organisations ont proposé leurs bons offices de médiation. La première est l’Algérie qui est déjà chef de file de la médiation internationale et président du comité de suivi de l’accord pour la paix. Sur fond de crise diplomatique avec la France, elle s’est proposée médiateur entre le Mali et la CEDEAO en estimant raisonnable une transition d’une durée de douze à seize mois. L’Envoyé spécial de l’Algérie pour le Sahel, Delmi Boudjemaa a été reçu par le colonel Goïta, le 24 janvier au palais de Koulouba. Cette médiation n’a finalement pas eu lieu, car Bamako est resté camper sur ses vingt-quatre mois.
Une délégation de l’Union africaine (UA), conduite par Moussa Faki Mahamat, président de sa commission, a également séjourné au Mali du 19 au 25 janvier pour tenter de trouver une solution de sortie de crise. L’Organisation de la coopération islamique, la plus grande organisation confessionnelle à l’échelle mondiale, a aussi dépêché une mission sur place pour tenter de négocier un compromis.
Pendant plusieurs mois, les différentes missions n’ont pas pu trouver un terrain d’entente entre les deux protagonistes. Certains taxent la CEDEAO d’utiliser une géométrie variée dans le traitement de différentes crises politique de la région notamment en Guinée et au Burkina Faso, et d’autres dénoncent l’influence de la France au sein de l’organisation. Lors de son dernier sommet, elle avait adressé une invitation au colonel Goïta, celui-ci l’a déclinée. Seulement quatre chefs d’état étaient présents à la rencontre, qui ont décidé de maintenir les sanctions contre le Mali.
Ces sanctions sont de plus en plus épouvantables pour les Maliens, des voix se lèvent pour mettre fin à cette situation. Le président de la transition a dépêché une délégation auprès du président Faure Gnassimbé pour solliciter ses services de médiations en vue de trouver une solution.
Le Togo, pays réputé pour ses médiations depuis le temps du général Gnassimbé père qui a montré ses preuves dans la guerre du Biafra au Nigeria. Le président Faure, suspecté très proche des militaires de Bamako, s’attèle à une affaire délicate. Il aurait déjà rencontré le président sénégalais au sujet du Mali, mais le plus difficile c’est de convaincre le très dure Alassane Ouattara et persuader le président Nigérien à accepter les vingt-quatre mois proposés par le Mali.
Selon beaucoup d’observateurs, cette fois-ci serait la bonne pour la levée des sanctions. Le prochain sommet est prévu pour début juin à Accra au Ghana.
La rédaction horontv.ml