Les effets du changement climatique constituent aujourd’hui l’une des causes majeures de l’exode rural des jeunes au Mali, au Burkina Faso et au Niger. La rareté des pluies, l’amenuisement des pâturages pour les bétails sont entre autres les facteurs de départ de nombreux paysans (agriculteurs et éleveurs) vers des cieux plus favorables à leurs activités ou d’autres. Pendant que les agriculteurs s’orientent vers les sites d’orpaillage, les éleveurs, eux, s’orientent vers des zones de transhumance où l’herbe est plus verte. L’insécurité dans les trois pays, due au terrorisme, constitue également un motif de départ des populations qui sont empêchées par les groupes terroristes de travailler la terre ou de faire paître leurs troupeaux.
Mais cet exode réserve souvent de mauvaises surprises pour les migrants qui sont souvent confrontés sur leurs terres d’accueil à des situations de racket ou de violence de la part des populations autochtones ou des autorités locales. Enquête transfrontalière du Mali au Niger, en passant par le Burkina Faso.
Selon le Bureau de la Banque Mondiale au Mali, dans son rapport national sur le climat et le développement du 19 septembre 2022, les pays du Sahel comme le Niger, le Mali et le Tchad sont ceux qui souffrent le plus des effets du changement climatique. Notamment à cause de la sécheresse et des pluies diluviennes qui entraînent une pauvreté extrême des populations. C’est le cas par exemple au Mali où une sécheresse est récurrente depuis les années 1970, selon une étude menée en juillet 2020 par Daouda Zan Diarra, expert agro-météorologue, dont le rapport est intitulé Plan national sécheresse du Mali 2021-2025.
Une crise multidimensionnelle
La sécheresse (effet du changement climatique) n’est pas la seule raison de cette migration interne. Les populations des pays du Sahel sont également confrontées à des crises sécuritaires nourries par le terrorisme. La crise multidimensionnelle sévissant au Mali est à sa dixième année et le pays est marqué par une transition politique dirigée par des militaires, dont la trajectoire a été marquée par des sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le départ de la force militaire française Barkhane.
Selon le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA), « les principaux moteurs de la crise demeurent les chocs préexistants que sont : les conflits/insécurité, les catastrophes naturelles (sécheresses et les inondations) et les urgences sanitaires dont la COVID-19 ».
« L’utilisation d’engins explosifs improvisés (EEI), la destruction d’antennes de communication, de ponts et de routes, l’encerclement des villages et des marchés par les groupes armés non étatiques et les opérations militaires anti-insurrectionnelles entravent l’accès des populations aux services et aux moyens de subsistance et empêchent la mobilité du personnel et des produits humanitaires », peut-on lire dans l’aperçu des besoins humanitaires publié par le service Humanitaire de OCHA.
Conséquences, ce sont 12,9 millions de personnes (contre 11,7 millions en 2021) qui sont affectées dont 52% de femmes et 56% d’enfants, parmi lesquelles 7,5 millions (contre 5,9 millions en 2021) sont considérées en besoins d’assistance humanitaire dont 2,4 millions présentent des besoins aigus. Ainsi, 36% de la population totale, soit plus d’une personne sur 3, a besoin d’une assistance humanitaire.
C’est le cas aussi au Burkina Faso et au Niger, où, en plus des effets du changement climatique, la violence terroriste a poussé des éleveurs sur les routes migratoires. Ceux-ci doivent, dans leur quête de refuge, aussi faire face à un quasi-réseau organisé qui leur extorque de l’argent pour des motifs souvent fallacieux.
L’orpaillage, un refuge naturel pour certains agriculteurs mais…
Pour la plupart des populations affectées, l’orpaillage traditionnel devient le dernier refuge, malgré les dangers que présentent ces sites (utilisation de produits chimiques, risques d’éboulements, agressions…). L’orpaillage pour beaucoup de jeunes est une activité florissante, et ceux qui sont contraints de quitter leurs terres de culture se tournent très facilement vers cette activité. Cependant, ils se retrouvent confrontés à d’autres fléaux comme les rackets de certaines structures institutionnelles.
La ville de Kéniéba est située dans la région de Kayes à 430 kilomètres de la capitale Bamako. Kéniéba a une superficie de (35 250 Km²) pour une population de (194 153) habitants en 2009. C’est une zone aurifère qui abrite plusieurs sites d’orpaillage illégaux non répertoriés. Cette localité accueille chaque année des migrants maliens et étrangers venus du Burkina Faso, du Bénin, de la Guinée, du Sénégal et leur nombre n’est pas répertorié non plus.
O.B. est un jeune trentenaire que nous avons rencontré à Kéniéba. Il est originaire du village de Nèrèsso, dans le cercle de Yorosso (région de Sikasso). Il a appris par la radio que l’orpaillage est une activité intéressante et a pensé qu’il pourrait lui permettre de joindre les deux bouts, changer sa condition de vie difficile et celle de sa famille. Il a donc décidé de quitter son village (où il ne pouvait plus cultiver) pour aller tenter sa chance au site d’orpaillage du village de Sandougou, dans le cercle de Kéniéba. Selon lui, la réalité du terrain l’a rattrapé et il a découvert un univers différent de ce qu’on lui avait fait miroiter.
En plus d’affronter les dangers liés à l’activité d’orpaillage (glissements de terrain, usage de produits chimiques…), il se retrouve endetté à cause des nombreux rackets des agents de la mairie, des Eaux et Forêts et de la Chambre des Mines, explique-t-il. Le jeune orpailleur s’indigne d’une voix grave et tremblante, un brin déçu du comportement des « racketteurs » : « Nous payons des taxes à la mairie, aux services des Eaux et Forêts, et à la Chambre des Mines. Nous devons envoyer de l’argent à nos familles. Ces soi-disant taxes que nous payons nous empêchent d’économiser. Hélas, nous n’avons pas le choix. Si nous devons rester sur le site, il faudra payer pourtant ce n’est pas chaque jour que nous gagnons de l’or ».
Ces taxes, à l’en croire, varient : « Ils font souvent des réductions suite à nos négociations. Quand ils disent 25 000 FCFA, on peut négocier à 15 000 ou à 10 000 FCFA par mois ». « Personne ne nous a jamais parlé de l’illégalité d’exploiter une partie de la terre, ni nous dire que nous devons aller payer une quelconque taxe dans un service public. Ce sont les agents eux-mêmes qui viennent sur le site collecter ; mais on ne nous remet aucun reçu après paiement », déplore-t-il. Une version confirmée par d’autres orpailleurs rencontrés sur place.
Sory Sissoko est le conseiller du chef du village de Sandougou et également le chef des orpailleurs appelé Tonboloman. Il soutient la version des orpailleurs concernant les rackets par des agents municipaux. Selon lui, ces agents lui présentent un ordre de mission à leur arrivée et, en tant que responsable des orpailleurs, il les accompagne chez ces derniers pour encaisser l’argent. En plus de ces taxes, les orpailleurs possédant des cracheurs (machines à creuser) sont obligés de payer une taxe au chef du village chaque dimanche à hauteur de 5000 FCFA par cracheur.
A en croire le Tonboloman, « cette somme de 5000 FCFA que payent les orpailleurs chaque dimanche par cracheur est obligatoire et l’orpailleur n’a pas le choix, sinon il quitte le village. Cette somme est destinée à la caisse du village et sert à aider à la construction d’école ou à payer des enseignants. Cet argent sert souvent aussi à venir en aide à des orpailleurs en difficulté ».
O.B., le jeune orpailleur venu de Nèrèsso a une équipe de 13 jeunes qui travaillent à son compte. Selon lui, ces multiples taxes injustifiées qu’il paye aux agents collecteurs ne lui permettent de payer convenablement ses employés. Il est souvent obligé de s’endetter pour pouvoir le faire. Ce qui constitue un véritable handicap dans ses économies. En plus, il doit envoyer de l’argent à ses parents au village qui n’arrivent plus à cultiver à cause des menaces terroristes et de la sécheresse.
Ibrahima Traoré, le premier adjoint au maire de la commune rurale de Kéniéba, et Lassana Camara, représentant de la Chambre des mines de Kéniéba, nient en bloc les accusations des orpailleurs. Et dédouanent ainsi leurs agents en arguant qu’ils ne sont pas au courant d’une telle situation.
De son côté, le commandant Allaye Sangaré, le chef de cantonnement des Eaux et Forêts de Kéniéba, nous confie que ce que collectent ses hommes représentent seulement des taxes sur les bois que les orpailleurs coupent pour soutenir les trous et tunnels qu’ils creusent. C’est une taxe prévue au niveau de la Direction des Eaux et Forêts et une quittance est remise après paiement, soutient-il. Et cette taxe est, à l’en croire, une convention gouvernementale. Pourtant les orpailleurs persistent et signent sur le fait qu’aucun document ne leur est délivré pour justifier leurs paiements.
Le colonel Major Abdoulaye Tamboura, le directeur adjoint des Eaux et Forêts de Bamako, reconnaît cependant qu’il y a des agents corrompus qui se rendent sur les sites et soutirent de l’argent au nom du service public. Ces agents, selon lui, se rendent sur le terrain à l’insu du service public. Convaincu qu’il peut y avoir des agents mal intentionnés, le Colonel Tamboura affirme néanmoins n’avoir jamais pris un agent la main dans le sac. Selon lui, étant le directeur adjoint de cette institution, ne tolérant pas les fraudes, ces agents feront tout pour qu’il ne l’apprenne pas. Il explique qu’« un agent coupable de racket ne sera pas toléré et sera sanctionné à la rigueur de la loi ». « Le minimum de cette sanction sera sa relève définitive de ses fonctions », assure-t-il.
Le directeur adjoint des Eaux et Forêt de Bamako, le Colonel-major Abdoulaye Tamboura, déclare qu’il n’y a pas de corrompu sans corrupteur. Selon lui, ces orpailleurs n’ont pas de permis d’exploitation. Il poursuit en affirmant qu’il est difficile de « remédier à ce fléau car souvent les orpailleurs se trouvent en fraude et au lieu de payer les amendes dans les règles au niveau de l’institution, ils préfèrent négocier avec ces agents mal intentionnés pour payer moins ». Selon le colonel Major, il y a un mécanisme en place pour surveiller les agents, cependant il est difficile de les prendre sur les faits car ce sont les orpailleurs qui leur facilitent la tâche en leur proposant de l’argent vu qu’eux-mêmes ne sont pas en règle.
Les migrants éleveurs du Burkina Faso confrontés aussi aux mêmes problèmes
Kadré vient de Koumassi, une ville du centre du Ghana, pays voisin au sud du Burkina. Il a parcouru 1200 kilomètres. Alidou, lui, est Burkinabè. Il a parcouru 400 kilomètres. A.M est aussi Burkinabè et a dû laisser 350 kilomètres derrière lui pour profiter des pâturages du Nahouri. Tous les trois sont des éleveurs. Ici dans la province du Nahouri, au sud du Burkina, ils sont venus chercher une survie pour ce qui compte le plus pour eux : leurs bétails.
À 145 kilomètres au sud de la capitale du Burkina Faso et à quelques 15 kilomètres de la frontière avec le Ghana, cette vaste plaine verte et arrosée du Nahouri accueillait, en mai 2022, autour de 265 pasteurs ayant migré à la recherche d’un pâturage pour leurs troupeaux.
1 457,75 hectares de superficie vendus illégalement…
Alidou s’est installé à Guiaro, l’une des cinq communes de la province du Nahouri. Située à 45 kilomètres de Pô, chef-lieu de la province, Guiaro est la zone pastorale par excellence de cette région du Centre-Sud. À son arrivée ici, en 2020, il a dû débourser 400 mille FCFA, pour obtenir le droit de faire paître ses bêtes pour son séjour de 4 mois. Problème, il n’aurait jamais dû payer et ceux qui lui ont pris cet argent, n’avaient aucun droit de le faire.
À Boassan, l’un des 6 grands villages de Guiaro qui abrite de nombreux éleveurs, ces derniers sont obligés, dès leur arrivée, de payer entre 60 mille et 150 mille FCFA par hectare pour installer leur enclos, selon plusieurs témoignages que nous avons recueillis sur place. Là aussi, il s’agit d’un racket, sans aucun fondement légal, dont profite un groupe de villageois qui en fait un véritable business. Ceux qui obligent les éleveurs à leur verser de l’argent leur attribue ensuite, en contrepartie, des superficies de pâturage situées dans un domaine de l’État, pourtant réservé aux activités pastorales.
La zone pastorale de Guiaro, par exemple, est un domaine foncier de l’État délimité par arrêté 2001 avec une superficie de près de 7 000 hectares où il est interdit de mener des activités autres que le pastoralisme. Cet espace censé accueillir, gratuitement, les éleveurs migrants est accaparé par des responsables communaux. Près de « 1 457,75 hectares de superficie ont été occupés illégalement et vendus de mai à juillet 2022 », selon un chef de ladite Zone pastorale, à en croire des données compilées dans un rapport et adressé à la Direction régionale en charge de l’élevage que nous avons pu consulter. Cette surface représente le quart de la superficie totale de la zone pastorale de près de 7 000 ha.
Dans le village de Guiaro, parmi les membres du groupe qui se sucrent sur le dos des migrants, on compte parfois des membres du Comité de gestion (COGES) de ladite Zone pastorale. Ce COGES, dont les membres sont désignés parmi les autorités locales et les leaders communautaires, a pour rôle de sécuriser la zone pastorale au profit des éleveurs. Mais l’appât du gain a poussé certains de ses membres à initier et alimenter une économie illicite au détriment des éleveurs. Ce serait le cas de Atiga Etienne Zibaré, leader local et membre du COGES. Deux ex-conseillers municipaux ont aussi les plus vastes terrains défrichés : Mathieu Idogo, ancien deuxième adjoint au maire et Adama Nikiéma, président de la Chambre régionale d’agriculture de la commune de Guiaro. À leurs victimes, ils disent agir au nom de la mairie de Guiaro.
La révélation de ce « gang » est le fruit d’une enquête menée par les responsables de la zone pastorale de Guiaro, le 12 janvier 2020 à la demande de la Direction régionale des Ressources animales et Halieutiques du Centre-Sud. D’ailleurs, dans une note d’explication à la Direction régionale en charge de l’élevage du Centre-Sud, le secrétaire général de la mairie de Guiaro rejette les allégations desdits conseillers municipaux, selon lesquelles ils agissent au nom de la mairie. Pour lui, la commune n’est pas mêlée ni de près ni de loin à cette initiative de vente de la zone pastorale.
Cette affaire de vente des terrains de la zone pastorale est pourtant un secret de polichinelle à Guiaro. Elle a même commencé depuis 2014. Un premier rapport, que nous avons consulté, avait été adressé à la Direction régionale en charge du pastoralisme dans lequel une mission de supervision avait fait le point de la situation le 5 mai 2014. C’était par suite d’une alerte du chef de la zone pastorale. Celui-ci tirait la sonnette d’alarme sur l’occupation de la zone par des migrants déguerpis des forêts de l’Ouest. Un second rapport de la Direction générale des espaces et des aménagements pastoraux en date du 25 février 2020 est aussi disponible et fait le point des difficultés de cohabitation entre éleveurs et populations autochtones.
Malgré ces différents rapports, dont sont informées les autorités locales, rien n’a été fait pour mettre fin aux agissements de ce qui apparaît comme une mafia. Ni le ministère des Ressources animales et halieutiques, qui a d’ailleurs signé un Arrêté en 2022 portant approbation des Cahiers des charges spécifiques de la zone pastorale de Guiaro, ni le Gouvernorat du Centre-Sud chargé de la politique environnementale de la région, pas même le Haut-commissariat de la province du Nahouri, ni la mairie chargée de la bonne gestion de la ZAP, encore moins les services environnementaux chargés de faire appliquer la loi n’ont pris aucune initiative pour arrêter les auteurs de ces ventes illégales de domaine public. Les actions de ces autorités se résument aux communiqués, aux rencontres de concertations et de sensibilisation. Toutes choses qui n’ont pas stoppé l’occupation et la vente illégales des terres.
Un agent des Eaux et Forêts réclame 300 000 FCFA
Dans cette partie du Burkina, les populations locales tendent à transformer la zone réservée aux activités pastorales en des terres agricoles. Les transhumants sont sommés par des autochtones de déguerpir. En 2016, confie Alidou, des concessions des migrants ont été incendiées et les animaux abattus à Boassan.
Le début de cette affaire remonte à 2014. Une centaine de migrants déguerpis des forêts de l’ouest de Guiaro par les services techniques de l’Environnement du Nahouri s’installent avec la complicité de certaines personnalités communales dans la zone pastorale. Cette situation pousse des populations riveraines à occuper à leur tour, de façon illégale, la zone pastorale. Cette cohabitation teintée de tension entre locaux et migrants finit par dégénérer en conflit ouvert en 2016, avec une chasse à l’homme. 127 personnes se retrouvent sans abris par la suite, selon la mairie de Guiaro.
Même les pistes spécialement réservées au déplacement des troupeaux sont occupées.« Lorsque nos animaux traversent près des champs, des agriculteurs les capturent et nous fixent des sommes à payer. J’ai payé plusieurs fois à des particuliers pour faire libérer mes bœufs. Mon fils a conduit mes bœufs pour traverser une piste rurale en 2021. Les agriculteurs se sont organisés et ont capturé les animaux sous prétexte que l’enfant a laissé 72 bœufs entrer dans leurs champs. Ils ont réclamé 12000 francs par bœuf », nous a confié Alidou.
De cette situation, les complices seraient, là encore, dans l’administration : la mairie et les services de l’Environnement de Guiaro. L’absence d’application des textes afin de protéger les droits des éleveurs, le refus de dire le droit en cas de litige sont des raisons qui renforcent le sentiment des éleveurs que tout un système est mis en place pour les dépouiller.
« Pour l’argent réclamé afin de libérer mes animaux, je n’étais pas d’accord. Pour trouver une solution, j’ai été à la rencontre d’un conseiller municipal de Guiaro et il m’a dit d’aller à la mairie. J’y suis allé plusieurs fois pendant plusieurs jours sans être reçu. Finalement, un monsieur m’a reçu dans un bureau et m’a conseillé d’aller m’entendre avec les agriculteurs et payer pour les dommages causés. Il dit que la mairie ne peut rien. J’ai payé 320 000 francs CFA après négociation. Je n’ai pas reçu un papier qui atteste le paiement. Ils ont pris l’argent et ont libéré mes animaux après quatre jours de détention. C’est comme ça, avec nous les éleveurs venus d’ailleurs. Nous payons des amendes à la fourrière et aux forestiers. De même les agriculteurs nous volent », poursuit le migrant pastoral.
Autre commune, même réalité. A Pô, chef-lieu de la province du Nahouri qui abrite une forte communauté d’éleveurs dans les hameaux de culture, nous avons remarqué que les couloirs officiels de transhumances sont accaparés par des champs agricoles. C’est le cas des espaces de pâture de Kampala, un grand village situé à une vingtaine de kilomètres à l’est de Pô; et celui entre les zones dites secteur 8 et le secteur 4, autour de la ville de Pô.
Le chef du service de l’Élevage de la Commune de Pô, Dahouda Sawadogo, dit assister de façon impuissante à cette occupation des zones pastorales. En clair, les services techniques de la commune sont au courant de cet accaparement des zones de transhumance. Cette situation contraint les éleveurs transhumants, qui migrent avec un grand nombre de bœufs, à se déplacer avec leurs troupeaux vers les aires protégées telles que les forêts du Parc Nazinga, et le Parc national Kaboré Tambi (PNKT), situées respectivement à 42 kilomètres et 15 kilomètres de la ville de Pô. Ils tombent ainsi, à leur tour, sous le coup de la loi, en laissant leurs animaux pénétrer dans les aires protégées, ce qui les expose à un autre type de racket.
A.M a quitté la région de l’Est à plus de 350 kilomètres pour s’installer à Pounkouyan, un village à l’est de la ville de Pô. Il est originaire du Nahouri et est un transhumant international. Avec ses centaines de bœufs, il parcourait chaque année le Ghana, pays voisin du Sud, et Mali, voisin de l’Ouest, à la recherche des zones de pâture. Dans son pays, le Burkina Faso, il faisait paître ses animaux dans le Centre-Est, l’Est, le Sud-Ouest et le Centre-Sud. Mais avec la dégradation de la situation sécuritaire dans ces parties du pays, caractérisée par des attaques terroristes, il est depuis 2020, fréquent à Pô. L’éleveur, membre de l’Association des Emboucheurs de Pô, nous révèle une pratique de prédation dont sont victimes les transhumants.
Le 23 avril 2022, il reçoit une convocation du service départemental de l’Environnement de Manga, chef-lieu de la province du Zoundwéogo, pour affaire le concernant. « J’ai vite compris que c’est une affaire en lien avec mes bœufs. Je sais aussi ce que les forestiers veulent dans ce cas de figure », explique le transhumant. Il décide alors d’appeler le numéro mentionné sur la convocation. Il se présente et entame des négociations après que le motif de la convocation lui a été confirmé : « Divagation de votre bétail dans le Parc national Kaboré Tambi ». Son interlocuteur n’est autre que le responsable des agents forestiers de Manga.
Dans les négociations, le forestier lui propose de payer 300 000 francs CFA. Il négocie et paye finalement 50 000 francs CFA via mobile money. « Cette manière de faire nous arrange. Quand les animaux arrivent à la fourrière, nous payons de fortes sommes. J’ai déjà payé plus de 900 000 francs à la fourrière et plusieurs fois des sommes de 200 000, 250 000 francs CFA. Avec les forestiers en patrouille, nous négocions des paiements gré à gré. Nous faisons des paiements en espèce ou des transactions mobile money », narre la victime venue de l’est du pays.
Cette pratique est contraire à la loi. Pour comprendre la situation, nous avons contacté le chef de service départemental de l’Environnement de Pô, le Lieutenant des Eaux et Forêts, Jean-Luc Eloi Wend-Benedo Zemba. Il explique qu’en cas de divagation des animaux dans les aires protégées, les propriétaires des bêtes sont interpellés ou les animaux conduits à la fourrière. Conformément au Code forestier et en fonction de la nature de l’infraction, il y a une fourchette de contravention prévue par la loi.
Une autre technique est développée par des forestiers pour se faire de l’argent. La victime explique : « Il arrive des moments où tu es assis dans ton enclos et des forestiers font irruption et conduisent tes animaux. Ils prétextent que du bétail est rentré dans la forêt et c’est le tien. Ils disent avoir suivi les traces des pattes des animaux qui les ont conduits chez toi ». Avec cette prétendue « preuve », des forestiers imposent des prix à payer. « Lors des rencontres avec les autorités communales et provinciales, nous dénonçons ces pratiques mais il n’y a aucun changement », renchérit notre témoin.
Lorsque nous l’avons interrogé sur ces pratiques de racket dont se plaignent les éleveurs au sujet de ses hommes, le chef de service départemental de l’Environnement de Pô, le Lieutenant des Eaux et Forêts, Jean-Luc Eloi Wend-Benedo Zemba dit qu’il n’en sait rien. Il affirme qu’aucune instruction n’est donnée aux hommes de prendre de l’argent sur le terrain. Le directeur régional des Ressources animales et halieutiques de la région Centre Sud, Jean Simporé, reconnaît cependant, avoir été saisi pour des dénonciations. Il nous explique que lorsqu’un animal fait intrusion dans les aires protégées, il existe en principe une fourrière des agents forestiers. Mais, l’État donne la possibilité aux agents assermentés de transiger. Ce qui consiste à négocier avec le service de l’Environnement pour la réduction lorsque le prix est exorbitant. C’est là que naît la corruption.
Dans ce cas de figure, les forestiers ne délivrent pas toujours des reçus et l’argent va dans leur poche. « J’ai reçu plusieurs plaintes des éleveurs », confirme-t-il. Il ajoute qu’un éleveur a même été tué par un agent des Eaux et Forestiers à Gon-boussougou en 2019, dans la province voisine du Zoundwéogo, l’une des trois provinces de la Région du Centre-Sud, pour avoir refusé de payer une contravention qu’il jugeait trop élevée. « Le transhumant a trouvé la somme élevée et il a décidé de repartir sur sa moto. Quand il a démarré, ses animaux l’ont suivi. Il a été fusillé. L’agent forestier, auteur de la tuerie, a été déféré à la Maison d’arrêt et de correction de Manga en attendant son procès ». Selon une source proche de la juridiction de Manga, le dossier n’est toujours pas passé en jugement.
Tiébélé est une autre commune du Nahouri, à 30 kilomètres à l’est de la ville de Pô. Les cas d’extorsion d’argent n’y sont pas, non plus, rares. Kadré S. transhumant burkinabè vivant au Ghana depuis 1985, et ses « collègues migrants » en savent quelque chose. Kadré retourne chaque mois de novembre, saison des récoltes, au pays pour faire paître une partie de son bétail. Il y réside jusqu’en mai avant de regagner le Ghana. Contraint par les aléas climatiques à revenir régulièrement au Burkina pour faire paître ses animaux, il doit aussi subir les pratiques d’extorsion.
Pour abreuver leurs animaux, les transhumants sont invités par les villageois à cotiser chacun 25 000 francs CFA par an pour la réhabilitation du barrage de Kaya, un village de Tiébélé. « Nous cotisons depuis maintenant 5 ans. Le barrage n’a pas été réhabilité. Le paiement se fait sans aucun reçu pour justifier l’état de paiement », confie l’éleveur. Pire, les producteurs de piment ont accaparé les alentours du barrage. Trouver des pistes d’accès au barrage avec du bétail est un casse-tête. Malgré cette situation, si les animaux piétinent une partie du piment, ils sont capturés et gardés dans des fourrières créées illégalement pour l’occasion. Les producteurs fixent un prix à payer avant de libérer les animaux. Certains exigent de l’argent et d’autres réclament de l’engrais. « En mai 2022, j’ai payé à un propriétaire de champ de piment 3 sacs d’engrais pour dédommagement, car mon berger aurait fait piétiner son piment par un de mes bœufs. Certains éleveurs sont obligés d’acheter des dizaines de sacs d’engrais afin de voir leurs animaux être libérés », confie l’éleveur.
A la Direction régionale des Ressources animales, censée mettre fin aux différentes opérations de racket, on se contente d’un constat. « Kaya est une zone conflictuelle. J’ai appris de façon officieuse ce que subissent les éleveurs dans cette localité. J’ai donné l’ordre au directeur provincial de mener des investigations », confie le directeur Jean Simpore avant d’ajouter que « les fourrières sont faites pour les animaux en divagation dont les propriétaires sont inconnus. Hélas, on voit que la fourrière est devenue une source de revenus pour les communes ». Une source bien illégale, au détriment d’une catégorie de personnes déjà suffisamment vulnérabilisées par les situations extrêmes.
Les éleveurs saisonniers victimes d’abus et d’arnaques organisés au Niger
Au Niger, la transhumance interne est cruciale et a constitué pendant longtemps, et pour la majorité des éleveurs nigériens, une stratégie efficace d’adaptation aux aléas climatiques avec des animaux adaptés et résistants. Officiellement, les éleveurs étrangers, tout comme ceux du pays, ont le droit de circuler librement, d’exploiter les ressources pastorales et même de bénéficier des soins gratuits contre les épizooties (maladies animales) et de profiter des ventes à prix modéré des aliments pour bétail. Ce droit leur est conféré par la détention du Certificat international de transhumance (CIT), délivré par leurs États respectifs (espace CEDEAO et UEMOA). Mais en réalité, il existe un véritable problème de praticabilité de toutes ces prescriptions légales.
Les migrants climatiques, qui viennent généralement du sud et de l’ouest du Niger, en partance pour la partie nord du pays. Et la grande majorité d’entre eux se retrouvent dans la région d’Agadez. Selon OUMAROU Yeli, président régional du Collectif des Associations pastorales du Niger (CAPAN), les raisons qui entraînent cette transhumance sont multiples et liées aux effets du changement climatique. Il s’agit de la recherche de pâturages (51,2 % d’entre eux), de l’eau pour l’abreuvement des troupeaux (39%) et de la cure salée (4,3%).
C’est le cas aussi des transhumants frontaliers, à en croire M. OUMAROU. Selon lui, deux types d’éleveurs étrangers arrivent dans la région d’Agadez : « la première colonne d’éleveurs vient du Mali, passe par la région de Tahoua, du côté de Tillia et Tchintabaraden et monte jusqu’à la commune d’Ingall (la zone de transhumance) ; et une seconde colonne qui vient du Tchad, passant par Zinder, Aderbissanat, Tiguidit et remonte aussi jusqu’à Ingall ».
Des conflits à répétitions
La période de la transhumance dure 2 à 4 mois et le moment fort commence à partir du mois de septembre où de nombreux éleveurs venus de toutes les contrées du pays et de certains pays voisins (CEDEAO et UEMOA) convergent vers les terres salées de la région d’Ingall pour exploiter les riches parcours pastoraux.
Ce grand rassemblement est l’occasion pour les éleveurs de satisfaire les besoins des animaux mais aussi de célébrer la grande fête annuelle de la « Cure salée ». Au cours de ce périple, à la mi-septembre, tous les troupeaux se déplacent vers les sources salées de Tigidda n’Tessoumt, Tigidda n’Adrar, et Tigidda n’Tagait. Là où les problèmes commencent, c’est « quand les éleveurs étrangers viennent trouver les autochtones dans leurs terroirs d’attache, et que cela coïncide avec la rareté de la pluviométrie et la régression de l’espace fourrager », explique le président régional du CAPAN.
En effet, à partir du mois de novembre, l’espace fourrager de ces zones tend vers la régression, les mares d’abreuvage commencent à devenir sèches. Et la rareté des pâturages devient de plus en plus réelle. Et du moment où l’ensemble des espèces animales ne parvient plus à être richement satisfait, cela inquiète les locaux qui manifestent une certaine xénophobie à l’égard des étrangers.
« Ces migrants climatiques débarquent souvent sans avertir. Et il arrive que les autochtones manifestent leur désapprobation face à cet envahissement. Et cela peut conduire à des affrontements, car les migrants se défendent en se disant que la terre appartient au bon Dieu tout en ignorant qu’eux ont traversé une frontière. Il va falloir l’intervention des autorités administratives et coutumières pour atténuer le conflit. Au niveau de certains points d’eau, ces migrants sont contraints de payer une somme aux propriétaires de ces puits pour abreuver leurs troupeaux ou encore faire des échanges (ndlr : donner une tête d’ovin pour en avoir accès) », explique OUMAROU Yeli. « Les autochtones font de cette activité, un moyen pour gagner de l’argent », poursuit notre interlocuteur.
Les migrants climatiques qui viennent du sud-est Niger, une fois le moment de la transhumance fini, rebroussent chemin. Sur le chemin du retour, ces éleveurs traversent plusieurs localités où la question d’accès aux points d’eau demeure tout aussi problématique.
Hardo Gojé Damo, chef d’un village peulh, ressortissant de la commune d’Aderbissanat, témoigne : « Notre souci majeur reste la question d’accès aux points d’eau tout au long de la transhumance entre la commune d’Agadez et celle d’Aderbissanat. Au cours de ce trajet, le plus souvent on trouve les puits fermés par leurs gestionnaires. Des fois, on nous interdit même le passage. Au niveau de certains puits, pour s’approvisionner, nous sommes obligés de payer la puisette d’eau à 2000 FCFA, et c’est presque à tous les niveaux. Et si toutefois, l’on vient avec le désir de s’installer pendant un temps, on sera obligé de donner une somme de 30 000 FCFA/mois. Par manque de moyens, d’autres sont contraints de quitter carrément l’endroit. Nous avons plusieurs fois porté nos doléances auprès des autorités administratives et coutumières de ces localités, mais jusqu’à preuve du contraire, l’affaire reste continuelle », explique le migrant.
D’autre part, certains éleveurs saisonniers font face à des contraintes en cherchant à avoir des terres de pâturage. HASSAN Alitine, en est un. Il explique : « Les difficultés auxquelles nous faisons face, c’est surtout quand on vient s’installer dans un espace pendant un moment. Les habitants du lieu se révoltent contre nous, nous avançant l’idée que la terre, l’espace leur appartient, qu’ils l’ont hérité de leurs ancêtres. Donc, soit on paye le temps du séjour ou bien on quitte leur terroir d’attache. Et là, nous sommes dans l’obligation de payer, parce qu’on ne peut laisser sa famille et ses biens errer comme ça. Les prix nous sont fixés en fonction du nombre de têtes et de la charge portée sur soi ; et ça varie entre 100 000 FCFA et 400 000 FCFA ». Hormis ces abus, ces migrants saisonniers sont aussi confrontés à des formes de violence comme les vols à main à main armée et les viols. Toutes choses qui sont sources de conflits entre les éleveurs et les autochtones.
« Plusieurs cas de bagarres entre éleveurs ont eu lieu suite à des tentatives de vol et du viol », explique Alhousseini Bahani, maire élu d’Aderbissanat
Selon Alhousseini Bahani, maire de la commune d’Aderbissanat, « plusieurs cas de bagarres entre éleveurs ont eu lieu suite à des tentatives de vol et de viol ». En effet, le vendredi 7 octobre 2022, dans la mi-journée, un conflit entre éleveurs a eu lieu à Tikinzigui, village situé à l’est de Amataltal. On déplore malheureusement un mort (un blessé ayant succombé à ses blessures après sa chute à moto en fuyant les flèches) et deux blessés graves touchés l’un à la poitrine et l’autre à l’œil. Selon les recoupements faits par Aïr Info, tout a commencé lorsque deux jeunes éleveurs Touaregs ont aperçu et réclamé leur brebis disparue à des éleveurs peulhs de passage. Devant le refus de restitution de l’animal par les supposés voleurs, le chef du village Targui et une unité de la gendarmerie s’étaient alors transportés sur les lieux. Au cours de la discussion, un des jeunes éleveurs touareg, a giflé un des protagonistes peulh très âgé. C’est après cet acte que le conflit a dégénéré et des flèches tirées de plusieurs côtés ont atteint deux personnes. Quatre éleveurs, auteurs de tirs de flèches, sont actuellement en garde à vue à la gendarmerie d’Ingall et les blessés évacués l’un sur la ville de Zinder et le deuxième au Centre Hospitalier Régional d’Agadez.
Joint par Aïr Info après ce drame, l’honorable Birgi, chef de groupement peulh Bingawa d’Aderbissanat, n’a pas caché sa colère : « Nous faisons tout pour calmer notre communauté. Ces dernières années, nous ne savons plus où donner de la tête. Nous sommes dans la tourmente, les jeunes hommes de notre communauté sont persécutés par des voleurs d’autres communautés. Nos filles sont harcelées jusqu’à sous nos tentes. Nous avons averti les autorités de plusieurs cas de viols commis par des jeunes Touaregs et il y a rarement eu justice. Jusqu’à quand on peut tenir dans des situations pareilles ».
Mais à entendre, Ahmad Mohamed, un leader communautaire touareg basé vers le village de Marendet dans la commune d’Aderbissanat, « ce sont les jeunes peulhs qui sont belliqueux ! Ils ont « la main facile » car pour un rien, ils vous transpercent par des flèches. On ne peut pas dire que tout ce qui se fait de mal, ce sont nos enfants. Non, je me rappelle d’un viol horrible commis par un jeune berger peulh l’année passée non loin d’ici. Le violeur, après avoir abusé d’une fillette de 13 ans, l’a assassiné sauvagement. Voyez-vous ? ».
Un début de solution
Bon nombre de personnes contactées pensent que pour prévenir de tels actes regrettables et attentatoires à la cohésion sociale, il est urgent de multiplier les efforts de sensibilisation des communautés partageant cet espace pastoral.
« Sensibiliser ? C’est notre quotidien depuis que nous sommes en poste à la tête de ce département », réplique M. Ousmane, préfet du Département d’Aderbissanat. « Nous faisons de notre mieux pour faire prévaloir le vivre-ensemble à travers des missions sur le terrain impliquant la chefferie traditionnelle. Ces missions portent des fruits car certains commencent déjà à remettre volontairement leurs armes », apprécie le premier responsable du Département.
Pour gagner le pari de la paix et de la coexistence pacifique entre les communautés, les décideurs politiques de nos pays doivent restaurer les anciens mécanismes traditionnels de gestion de conflits lesquels ont leur fondement dans le dialogue permanent entre leaders communautaires.
Les efforts de l’État nigérien et ses partenaires
La région d’Agadez est une zone d’élevage par excellence. Elle regorge d’énormes potentialités avec un cheptel estimé à 2 078 919 têtes de bétails toutes espèces confondues, un potentiel pastoral de plus de 4 356 364 hectares et une multitude de points d’eau, dont 518 puits pastoraux, selon la Direction régionale du Service de l’Élevage d’Agadez. Et au-delà de ses atouts naturels, La région bénéficie aussi d’importants investissements de l’État permettant de booster le secteur d’élevage. Ces investissements représentent des coûts importants à l’en croire.
En termes de coût, selon BOUBACAR Hamani, directeur régional du Service de l’Élevage d’Agadez, « le montant injecté pour l’achat et la mise en place de 9 546,325 tonnes d’aliments pour bétail, représente 2 847128 822 FCFA, et ce montant est réparti avec le concours de la Cellule Crise Alimentaire (CCA) et du Projet de Gestion des Risques de Catastrophes (PGRC) ». D’autres aliments sont en déploiement par l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’Agriculture (FAO), poursuit-il.
« Pour ce qui est de la situation de la vaccination de ces animaux (du pays et ceux de l’espace CEDEAO et UEMOA qui viennent à l’occasion de la cure salée), le coût total enregistré au cours de l’année 2022 correspond à 87.225, 500 FCFA, réparti selon les sources de financement suivantes : l’État nigérien a injecté 39.894.443 FCFA, le Projet Intégré de Modernisation de l’élevage et de l’Agriculture pour la transformation du monde rural (PIMELAN Niger) a contribué pour 40 087 864 FCFA, le Projet Régional d’Appui aux Pastoralismes au Sahel (PRAPS) avec un coût d’investissement de 7 243 203 FCFA », a expliqué M. Hamani.
Au-delà des appuis de l’Etat, dans le cadre visant à promouvoir la transhumance apaisée, le Réseau des Organisations de Pasteurs et Éleveurs du Niger (ROPEN), en étroite collaboration avec les autorités nigériennes et grâce à l’appui décisif des partenaires techniques et financiers, en particulier la FOA, a fait de la mise en place et de l’opérationnalisation du Comité National de Transhumance (CNT) et des Comités Régionaux de Transhumance (CRT) son cheval de bataille , notamment par des activités de plaidoyer à l’endroit des autorités nigériennes.
Enquête réalisée par Mariam SANOGO (Mali), Frank POUGBILA (Burkina Faso) et Mas-Oudatou DJAHAROU (Niger), avec l’appui de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO).