Le mouvement YEREWOLO debout sur les remparts a appelé ses militants, pour une énième fois, à une grande manifestation. Un appel qui fait suite à l’annonce, jeudi, des autorités françaises de retirer ses troupes du Mali. En vue de célébrer ce retrait qu’il perçoit comme une victoire, le regroupement a organisé, samedi 19 février dernier un grand rassemblement sur la place de l’indépendance.
À 15heures, l’emblématique place de l’indépendance n’avait pas encore son affluence des précédentes mobilisations. Des banderoles flottaient çà et là aux alentours du lieu sur lesquelles on pouvait lire : « À BAS LA France » ou encore « VIVE LES FAMAS ». Quelques timides manifestants se baladaient dans la zone. Pendant plus d’une heure, aux sons de vuvuzelas, certains agitaient des mains en l’air avec des balais, d’autres brandissaient des drapeaux, maliens et russes. Ils scandaient des propos hostiles à la France et à la Communauté Internationale. « Dégage Macron ! Dégage la CEDEAO, l’UE, l’UA, la MINUSMA ! ».
Dans une ambiance bonne enfance, les manifestants saluaient les noms des militaires dont celui du colonel Assimi Goita, président de la transition et de son premier ministre Choguel Maïga, avec des cris et d’applaudissements. « Aujourd’hui, c’est un grand jour, beaucoup pensaient qu’on ne pouvait pas chasser la France, nous nous sommes révélés plus intelligents qu’eux. Nous avons mis dehors la France sans difficulté », nous a confié Aboubacar Kéïta, un handicapé physique qui a effectué le déplacement. À 16heures, les Avenues et Boulevards qui entourent la place de l’indépendance étaient encore à moitié vides contrairement aux autres manifestations.
Pour citer Nicolas Antona qui dit : « La plus dure des étapes de la vie est la séparation, la plus pénible, les adieux… ». Ce grand éclairé écrivain n’a pas menti, ces moments de la vie sont empreints d’émotions et très significatifs.
Dans la culture malienne, ces étapes sont symboliques, parfois très tristes et accompagnées de larmes si elles interviennent en bon terme, chacun garde un très bon souvenir de l’autre. Mais aussi, dans la tradition malienne, si la séparation intervient suite à un malentendu, le balai et le cendre de cuisine sont utilisés pour balayer les empreintes et trace de l’autre. Telle était la signification de la présence des balais et de la cendre à la place de l’indépendance cet après-midi. Il s’agit d’effacer les traces de la France sans pour autant oublier les sacrifices des soldats français tombés au Mali dont leur mémoire a, d’ailleurs, été salué avec solennité.
« Sanglé dans une tenue militaire »
Les héroïques titres : « ANW KA MALIBA KERA ANW TAYE » de Bazoumana Sissoko et « Armée malienne » de l’artiste Djénèba Seck, deux chansons qui célèbrent la bravoure des Maliens, ont retenti à plusieurs reprises sur la place. C’est à 17heures que le cortège des organisateurs est arrivé sur les lieux du rassemblement. Après l’entonnement de l’hymne national en langue bamanakan et une minute de silence observée en la mémoire des victimes de la guerre, les responsables du mouvement ont, à tour de rôle, pris la parole. Visiblement très enthousiastes, ils ont obtenu gain de cause, si on peut le dire ainsi.
« Nous remercions Dieu de nous avoir montré ce jour. Nous allons rapidement recouvrer notre intégrité territoriale. C’est le lieu de saluer nos autorités pour leur courage », scandait l’ex-député du Rassemblement Pour le Mali (RPM), Moussa Diarra, avant d’ajouter : « Nous demandons simplement à la France de dégager du continent africain. ». Sidiki Kouyaté du CNT s’attaque à la France qui était intervenue au Mali en 2013 : « La France n’a jamais gagné une guerre, c’est pour cela que nous lui avons demandé de quitter notre pays ».
Ancien partisan du régime déchu, Jamille Bittar du M5-RFP pense que c’est la France qui a envahi le Mali, « Je confirme que c’est la France qui arme les séparatistes comme elle l’a fait au Biafra au Nigeria. Je demande à tous ceux qui aiment l’Afrique de voter contre Emmanuel Macron, car c’est un ennemi des Africains. Et Alassane Ouattara n’a pas une leçon de démocratie à nous donner, son troisième mandat constitue un coup d’État », a laissé entendre du haut de la tribune l’opérateur économique s’érigé en homme politique.
Après plusieurs interventions, peu avant le crépuscule, Adama Diarra alias Ben Le Cerveau, membre du Conseil National de Transition, l’un des leaders du mouvement, sanglé dans une tenue militaire, coiffé par un béret gris, a salué la foule en agitant un balai en l’air. « L’heure est à l’ultime sacrifice pour libérer le Mali, c’est pour cela, nous saluons ici la résilience de tous les Maliens. Le rassemblement de tous est nécessaire. », harangue ainsi les manifestants d’un ton fédérateur pour la rare fois.
Le contexte est difficile pour le pays qui subit des dures sanctions diplomatiques et économiques. Les autorités maliennes doivent rapidement réviser la charte de transition et proposer un calendrier raisonnable à la CEDEAO pour la levée de ces sanctions qui commencent à se sentir sur la population malienne déjà martyrisée par plusieurs années de crise multiforme.
Le Mouvement « YEREWOLO debout sur les remparts », faut-il rappeler, est une organisation qui milite depuis plusieurs années contre la politique française au Mali.
La rédaction Horontv.ml