Jeudi 26 mai 2022, à la cérémonie d’ouverture de la 22ème édition du Forum de Bamako, l’ex-président du Haut Conseil Islamique du Mali a haussé une nouvelle fois le ton contre les autorités de la transition en les taxant d’Arrogants. La classe politique et la société civile n’ont pas été épargnées également.
L’Influence de l’Imam Dicko a largement dépassé le cadre de la mosquée, ce dignitaire religieux musulman a toujours fait trembler le palais de Koulouba. Il s’est forgé une notoriété en tenant la dragée haute aux différentes autorités. Avec une capacité de mobilisation jamais égalée, il est sans nul doute le véritable artisan de la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta, l’homme qui l’avait toujours respecté.
L’homme qui a transformé la mosquée en QG de campagne avait annoncé retourner dans sa mosquée au lendemain des évènements du 18 août 2020. Il avait alors atteint son objectif, celui de faire partir IBK du pouvoir. Il s’est imposé une réserve vis-à-vis du terrain politique. Mais depuis sa mosquée, l’homme de Dieu gardait toujours un œil sur la gestion du pays ; il n’hésitait pas à élever le ton lors de ses sermons pour fustiger la mauvaise gouvernance.
Le très éclairé, comme l’appellent ses admirateurs, sait analyser la situation, attendre le bon moment, choisir le lieu approprié pour se faire entendre. Dans une de ses précédentes sorties, il disait ceci : « J’ai choisi de me taire parce que la majorité se reconnait dans ce qui se fait dans le pays, même si je ne suis pas d’accord. »
Invité à la cérémonie d’ouverture du forum de Bamako tenu dans un des Hôtels de la place, Mahmoud Dicko est sorti de son mutisme. Il s’attaque aux autorités de la transition « le peuple malien est aujourd’hui pris en otage par des gouvernants arrogants. Je dis bien arrogants ! et la communauté internationale par leur orgueil pense que le peuple malien doit rester dans cette situation mourir à petit feu. Assailli par la famine, par l’insécurité qu’on n’arrive pas à contrôler. On ne cherche pas une solution… », a-t-il martelé avec véhémence devant le premier ministre et les représentations diplomatiques au Mali.
En effet, depuis janvier, le gouvernement et la communauté internationale mènent un bras de fer sur la durée de la transition en cours. « Nous, nous sommes dans notre arrogance et la communauté internationale est dans son orgueil […] on est trimbalé, le peuple, entre des gens qui veulent une transition indéfinie et des gens qui ont des principes. »
Le rigoureux chef religieux, tacle de passage la classe politique et la société civile malienne : « c’est extrêmement grave, une classe politique moribonde, qui ne bouge pas, qui n’existe plus, une société civile qui a cessé d’exister. », a-t-il ajouté.
Cette intervention n’est pas passée inaperçue. Elle enflamme les réseaux sociaux donnant lieu à des nombreux commentaires. Certains se posent la question de savoir si l’Imam ne veut pas regagner le boulevard de l’indépendance. D’autres qui sont proche du régime en place voient en cette sortie une tentative de positionnement politique.
L’ex-autorité morale du M5-RFP, mouvement dont est issu le premier ministre Choguel Kokalla Maïga, ne parle pas le même langage que la transition. L’on se souvient qu’il dénonçait pendant la première phase de la transition, un président distant, un premier ministre froid…, quelques temps avant que ces derniers ne chutaient. On se demande en fin de compte ce que veut l’Imam Dicko.
La rédaction horontv.ml