Les critiques acerbes déclenchées entre les leaders religieux musulmans constituent depuis longtemps au Mali un phénomène récurrent mettant par moment aux prises les tendances du même courant de la religion.
Les leaders religieux de tendances différentes, sont aujourd’hui devenus des véritables « clashers » comme des rappeurs américains. Ces derniers qui s’adonnent par moment à des injures graves pour se faire une place dans le rang de leur milieu.
Sur les espaces publics voire le sermon de la prière de vendredi, le constat est tangible. Nous assistons à une scène de dénigrement des uns envers les autres. Des jeunes prêcheurs tiennent la dragée haute aux vieux à travers des vidéos en rapportant des arguments contraires aux propos avancés par ces derniers.
En dépit de l’existence de l’Association malienne pour l’Unité et le Progrès de l’Islam, (AMUPI), du Haut Conseil islamique du Mali, HCIM voire d’autres regroupements relatifs à la religion musulmane, le phénomène continue. D’abord, sur les ondes de radios privées, aujourd’hui avec les réseaux sociaux, les prêcheurs s’attaquent directement de façon verbale.
C’est une situation que certains prêcheurs qualifient de la transgression des commandements de Dieu. A l’image de Kassim Koné, prêcheur, « C’est parce qu’on a laissé Dieu de côte que cela est arrivé, tout le monde sans exception. Les prêcheurs ne sont pas les seuls qui s’insultent entre eux, mais ce n’est pas responsable de leur part. Cette situation qui sévit en général dans le monde est due à l’abandon de la voix de Dieu vers une autre voie », déplore-il. Pour lui, la bonne manière de corriger quelqu’un ne consiste pas à exposer ce dernier sur la place publique. Une chose que Dieu même a interdit à son messager.
Affrontements physiques.
En appui aux propos du prêcheur Kassim Koné, l’imam Baradji de la mosquée de Lafiabougou explique que les erreurs des gens qui appellent les fidèles à la religion ne doivent pas être divulguées sur les réseaux sociaux. Selon l’imam, un Ouléma a dit qu’il y a trois grandes conséquences dans les critiques acerbes ou offenses, « Celui qui prend l’erreur de l’autre et la divulgue aura des ennuis et les disciplines de l’auteur de cette erreur seront contre ce dernier. L’auteur de l’erreur sera mal vu par ses disciples. Enfin, les règles de Dieu seront prises à la légère au regard des autres », a-t-il rapporté.
Il y a un moment, une dame prêcheuse malienne du nom de Mamie s’est érigée en conseillère pour donner de leçon à ceux qui s’adonnent à cette pratique déloyale. Son adresse aux leaders religieux du Mali a fait le tour. Un message très significatif qui a défrayé la chronique. Face à la passe d’armes entre les donneurs de leçons sur les réseaux sociaux dont la mission première est de diffuser la parole de Dieu par la prédication, mais également par l’enseignement, la prêcheuse malienne Mamie a évoqué sa désolation.
« Que nos leaders religieux (imams prêcheurs) sachent qu’ils ne font pas honneur à la religion en s’adonnant au clash que de prêcher la bonne voie de Dieu à suivre », a-t-elle mis en garde. A l’analyse de Mamie, cette situation ne fait pas honneur aux leadeurs religieux. Dans une vidéo qui continue de circuler sur les réseaux sociaux, elle demande à ceux qui se croient plus forts que les autres de redescendre sur la terre, car la perfection n’existe que dans le monde intelligible et non dans le monde sensible.
Avec ce comportement, Mamie pense que les guides n’auront plus la haute main sur les croyants qui les écoutent. Selon elle, ce sont les prêcheurs qui doivent prêter main-forte aux incultes. Ce sont eux qui doivent réveiller ceux qui dorment comme une marmotte. Cette situation, pour elle, donne un pavé à l’estomac.
D’autres citoyens ne sont pas également restés indifférents de ce phénomène. Un vieux septuagénaire que nous avons croisé pense que ce sont les leaders religieux qui nous enseignent la tolérance. « Mais si ce sont eux-mêmes qui se dénigrent, où est la tolérance ? », s’interroge-t-il. Avant d’inviter ces leaders à s’assoir pour discuter afin de se faire comprendre.
Certes, cette mésentente entre religieux de tendances différentes ne date pas d’aujourd’hui, mais elle commence à prendre une autre tournure qui risquerait un affrontement. Pour des observateurs avertis, le département en charge des questions religieuses et du culte est interpellé afin de prendre des mesures contre ces comportements grossiers entre les leaders religieux qui pourraient aboutir aux affrontements physiques.
La Rédaction : Horontv.ml