Motivés par la recherche du travail pour de meilleures conditions de vie, les deux natifs du même village et habitants du même quartier de Bamako, Daoudabougou, exercent d’activités différentes de soutien familial.
Tous deux liés par la même situation, l’exode rural, le rafistoleur, Bourama Fané, et la lavandière, Sitan Diarra, ont accepté de faire ce choix risqué pour s’engager dans des activités en ville, déterminant le repas quotidien, pourquoi ne pas faire des réalisations dans les villages d’origines en cas de succès.
La plupart de ce choix risqué est caractérisé par la précarité et la misère, mais aussi attisé par l’influence de ceux qui reviennent de la ville. Au Mali, c’est vers les années 1990 que le phénomène commençait à connaitre une éclosion. La pratique conduit donc les jeunes garçons et filles en âge de fonder une famille à prendre le chemin de la ville en quittant les campagnes. Le docteur Aly Tounkara, sociologue de formation, explique « Ce phénomène ne date pas d’aujourd’hui, car il est pratiqué depuis des décennies au Mali. Mais, c’est surtout avec la démocratisation des institutions à partir des années 1990 que nous avons assisté à une poussée de campagne vers les centres urbains », a-t-il expliqué. Une situation que le sociologue qualifie de causes économiques, familiales et environnementales.
Originaires de la région de Ségou, Bourama Fané et Sitan Diarra, ne sont pas épargnés de cette situation. En effet, le chemin du succès étant parsemé d’obstacles, ces deux aventuriers locaux, ont compris que l’homme doit se batte dans la vie pour atteindre ses objectifs. Pour eux, quitter la campagne vers la ville serait la voie du succès la plus idéale, mais qui demande d’énormes sacrifices pour l’aboutissement de l’objectif. En cas de succès, ils ambitionnent également de faire des réalisations dans leurs villages d’origines. La rentabilité de la récolte saisonnière semble insuffisante pour Sitan. Pour ce faire, il faut une activité supplémentaire. « Au village, on cultive le mil, le maïs. Mais, cela n’est pas assez rentable. C’est la raison pour laquelle, je suis venue à Bamako pour faire la lessive… », nous dévoile-t-elle, la lavandière.
Maintenir les jeunes dans leurs milieux d’origine
Mère de plusieurs enfants dans un quartier populaire, Sitan Diarra se rend pédestrement de famille en famille et de quartier en quartier à la recherche des habits à laver. C’est après avoir vécu des difficultés dans les travaux de ménage avec des patronnes, qu’elle a décidé de mener cette activité laquelle n’est pas également sans difficultés, le retour au village est le prochain projet à dessein.
Sitan fournit plus d’efforts pour ne gagner que peu d’argent. « Je ne vis que de ça. On est confrontés à d’énormes problèmes. Nous avons des enfants et on a de la peine à trouver souvent de quoi manger. Nous comptons rentrer si on a pu avoir de quelque chose pour la famille », a-t-elle expliqué.
Arborant une petite barbe non assez fournie et entretenue, le natif de Fatnè, Segou, est rafistoleur. Comme Sitan Diarra, Bourama Fané a quitté son village pour la vile en quête d’un meilleur avenir.
Sous un soleil ardent, le rafistoler ambulant se déplace à vélo, faisant de quartier en quartier pour rafistoler les vêtements de ses clients. Il fournit également d’énormes efforts, mais l’argent perçu ne se limite qu’au gain quotidien. Bourama s’oppose aux filles qui entreprennent cette voie de l’exode rural. « Souvent, il y a des aide ménagères qui tombent enceinte sans connaitre le père de l’enfant. Il y en a aussi qui se basculent dans la prostitution », nous a-t-il fait savoir.
Pour le sociologue, Aly Tounkara, il n’y a rien d’étonnant, avec ce phénomène, d’assister à une forme d’émergence de banditisme né de cette migration de ces jeunes venus des campagnes. Le docteur ajoute que des jeunes garçons s’adonnent à la consommation des stupéfiants et des jeunes filles basculent dans la prostitution. Sans oublier, dit-il, que le phénomène provoque également la cherté de certaines denrées alimentaires par le simple fait que les hommes et les femmes qui sont à l’origine de ces produits sont urbanisés.
Avec cette situation, les autorités doivent mettre un accent particulier sur les mécanismes susceptibles de maintenir les jeunes dans leurs milieux d’origine. Cela, avec des actions concrètes.
La rédaction : HoronTV.ml