Rien ne va plus entre Bamako et Paris. Le gouvernement malien a pris la décision, lundi 31 janvier, d’expulser le chef de la représentation diplomatique de la France au Mali.
Tout est parti de mai 2021, suite à la seconde prise de pouvoir par des militaires maliens à l’espace d’un an que la France a immédiatement condamné la qualifiant de coup d’État dans le coup d’État. Ainsi, le chef de l’État français a menacé les auteurs de l’acte de prendre des sanctions si la situation n’est pas clarifiée, lors du sommet européen à Bruxelles. Quelques semaines plus tard, Emmanuel Macron a annoncé le début de retrait des soldats français au Sahel notamment au Mali.
Lancée en 2013, suite à une offensive djihadiste dans le nord du pays, à la demande du Mali, l’opération Serval transformée en Barkhane replie bagage petit à petit après près d’une décennie d’intervention qui a couté à la vie d’une cinquantaine de soldats français. Une mesure jugée unilatérale par Bamako. Ce qui a poussé le premier ministre malien à qualifier, lors de la 76ème assemblée générale des nations unies, le 25 septembre, d’abandon en plein vol, « La nouvelle situation née de la fin de l’opération Barkhane plaçant le Mali devant un fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol nous conduit à explorer des voies et moyens pour assurer la sécurité des Maliens de manière autonome avec d’autres partenaires… », avait affirmé, le docteur Choguel Kokalla Maiga. Une accusation qui a choqué l’Élysée, le Président Emmanuel Macron répond lors de la soirée de clôture de la saison Africa 2020 « Une honte, un déshonneur pour ce qui n’est même pas un gouvernement, issu de deux coups d’État à la légitimité démocratiquement nulle ».
Guerre désormais ouverte
Le premier ministre, faut-il rappeler, avait fait allusion, à la Tribune des Nations unies à d’autres partenaires. Les rumeurs sur une possibilité de déploiement de mercenaires d’un groupe paramilitaire russe Wagner défraie la chronique. Le ministère malien de la défense dément cette information annonçant qu’il entend désormais diversifier ces partenaires afin d’assurer la sécurité du pays : « Nous n’avons rien signé avec Wagner, mais nous discutons avec tout le monde », a réagi le ministre Sadio Camara. « Si les autorités maliennes devaient contractualiser avec la société Wagner, ce serait extrêmement préoccupant et contradictoire avec l’action de la France au Sahel », avait déclaré la ministre française des Armées, Florence Parly devant la Commission de la Défense à l’Assemblée Nationale, le 26 novembre 2021.
Un communiqué conjoint de la France et plus d’une dizaine de ces pays partenaires condamnant la présence soupçonnée des mercenaires russes de la société Wagner, le 23 décembre 2021. Une affirmation immédiatement démentie par le gouvernement malien le 24 décembre dernier. « Le gouvernement malien apporte un démenti formel à ces allégations sans fondement sur un prétendu déploiement des éléments d’une société de sécurité privée au Mali » a-t-on appris dans ce communiqué. Les autorités maliennes tiennent toutefois à préciser la présence des formateurs russes.
Tenant à un chronogramme d’une brève durée, les Organisations sous régionales, la CEDEAO et l’UEMOA ont durci les sanctions contre le Mali, le 9 janvier dernier. Les autorités maliennes qui ont qualifié ces mesures injustes, dénoncent une instrumentalisation d’une puissance extrarégionale sans indexer un pays quelconque. Suite à ces décisions, la France s’est alignée derrière la CEDEAO demandant une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité de l’ONU, le 11 janvier 2022. La guerre est désormais ouverte entre les deux partenaires historiques.
Escalade
Après que les autorités maliennes ont demandé au Royaume du Danemark de retirer ses forces spéciales au sein de l’opération Takuba, la tension monte d’un cran. Une décision que digère mal le Quai d’Orsay, poussant le ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves LeDrian à réagir « Des mesures d’entraves de la Junte illégitime malienne à l’action de la communauté internationale. Face à la fuite en avant de la junte qui ne cesse de s’accentuer, nous sommes solidaires à la réaction des pays de la CEDEAO qui l’ont fortement et courageusement sanctionné ».
Dans une interview accordée à nos confères des médias français, le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop, réplique en qualifiant ces propos d’empreints de mépris qu’il condamne. Pour lui, les insultes ne sont pas une preuve de grandeur. De son côté, Florence Parly accuse le gouvernement malien de faire la provocation. Une accusation attaquée en bloc par le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga, qui l’invite à plus de retenue.
La dernière séquence en date de lundi 31 janvier. L’ambassadeur de France après avoir été convoqué au Ministère des Affaires étrangères du Mali où lui a été notifié la décision de quitter le Mali dans un délai de72 heures. Suite à ladite décision, Paris dit avoir pris note avant de rappeler Joël Mayer. Une première dans l’histoire de la diplomatie entre le Mali et la France. Avec cette escalade, l’avenir de la force militaire française au Mali est désormais incertain. Chaque nouvel épisode, est un pas vers le divorce.
La Rédaction Horontv.ml