Mercredi 5 octobre 2022, le gouvernement malien a, dans un communiqué, adopté la loi sur la militarisation de deux corps, notamment la Police nationale et de la Protection civile. Une décision prise au regard de la situation sécuritaire et des défis multiples auxquels les forces de défense font face.
Le pays traverse depuis près d’une décennie une crise multidimensionnelle touchant presque tous les aspects de la vie sociale. Dans une tentative de trouver des solutions à cette crise, des Assises Nationales de refondation ont été organisées et cette mesure de militarisation fait partie des recommandations phares desdites assises. De ce fait, une « expression populaire » que les autorités entendent consacrer comme tant d’autres recommandations issues des mêmes assises. Une sorte de répétition de l’histoire dans la mesure où en 1991, la démilitarisation de cette même police avait été demandée lors de la Conférence Nationale organisée à cet effet. Elle remonte aux années 1960-1993. Mais deux évènements ont marqué un tournant dans son intensification. Il s’agit du départ des colons français et de l’avènement de la démocratie après le mouvement de mars 1991 qui a occasionné la chute du Général Moussa Traore du pouvoir après plus de 22 ans de règne.
La particularité de cette loi c’est que cette-fois, le corps de la police n’est pas seul, elle est étendue à la Protection civile selon ce qui est mentionné dans le communiqué du gouvernement. Cela permettra de couvrir l’arrière des forces engagées au combat en vue de préserver les acquis et de sécuriser l’Administration et les populations.
« Cette militarisation permettra de déployer la Police nationale dans les zones reconquises par l’Armée afin d’y assurer la sécurité des populations et de leurs biens et empêcher le retour des forces du mal », précise le même communiqué.
La police malienne dispose de nos jours plus d’une dizaine de syndicats. Ce nouveau statut va les priver du droit de grève, d’être syndiqués et de manifester, a expliqué l’adjudant Bougouna Baba Dembele, président du syndicat autonome de la police.
« Abordé sous le prisme de la guerre, le travail de la police s’inscrit donc dans une configuration caractérisée par la violence, la peur et la méfiance. C’est de détourner la police et la protection civile de leur mission. C’est une catastrophe de militariser la police » a réagi un autre syndicaliste de la police sous couvert de l’anonymat.
Le syndicaliste ajoute « que la militarisation conduit à davantage de violence de la part des forces de l’ordre. Un usage systématiquement plus élevé de la force ne peut être déduit de la capacité d’emploi de celle-ci ou de la formation militaire des unités de police. »
En termes de rendement, les fonctionnaires de la Police nationale et de la Protection civile engagés en opération bénéficieront des mêmes avantages que les autres militaires sur cette base. Cette militarisation de la Police nationale et de la Protection civile, faut-il insister, concourt, selon les décideurs, à la réalisation des objectifs de la Refondation de l’État.
La rédaction : HoronTV.ml