Dans le titre deux de cet avant projet proposé par la commission présidée par le professeur Fousseini SAMAKE, notamment au chapitre de l’Etat, l’article 31 stipule que la langue d’expression officielle est le français. Cela, après avoir reconnu le statut de la langue nationale aux langues locales.
Cette disposition ne semble pas répondre aux attentes de certains Maliens. Ce qui fait ainsi monter la tension dans les rangs des farouches nationalistes, qui ne dissimulent pas leur déception.
Ils sont les soutiens des autorités de la transition, mais l’avant projet de Constitution est sur le point de diverger les positions. Ils ont été surpris voire dessus du maintient de la langue française en tant que langue officielle du pays. Depuis la diffusion de l’avant projet, ils ne décolèrent pas sur les réseaux sociaux, les moins sages renoncent même à soutenir les actions de la transition. De leur point de vue, la langue française n’est rien d’autre que la langue du colonisateur. Un outil qui nous avait été imposé dans la torture dans le but de nous dominer.
Depuis quelques années, le rejet de la politique française au sahel ne cesse de s’accroître particulièrement au Mali où des fréquentes manifestations hostiles à la présence militaire de la France sont organisées avec tambours et trompettes. La politique menée par les autorités de Transition a entrainé une série d’escalade de tensions entre Paris et Bamako qui a abouti au retrait de la force Barkhane. A cela s’ajoutent les communiqués incessants contre l’ingérence et l’impérialisme qu’égrène à la moindre occasion le porte-parole du gouvernement sur les antennes nationales.
Ce sentiment de souveraineté retrouvée faisait vibrer la fibre patriotique au point que les sanctions infligées au pays du mois de janvier au mois de juillet ont été supporters avec résilience. Tout ceci parce qu’ils croient dans une lutte de liberté, rompre définitivement avec l’ancienne puissance coloniale. Selon eux, la meilleure manière de rompre avec la France, c’est abandonné la langue française. Les ultras demandent même la création d’une monnaie nationale.
Officialiser les langues nationales sous-entend qu’elles deviennent d’offices la langue de l’administration. Tous les documents et communications officielles doivent être faits dans celles-ci. Cela demande beaucoup de travaux sur le plan linguistique pour qu’elles puissent répondre à toutes les exigences scientifiques, ces langues dites nationales n’ont pas été préparées dans ce sens. Très peu de personnes savent lire et écrire une langue nationale.
En plus de ce problème d’ordre linguistique, il y a aussi la difficulté de choisir une seule langue parmi les 13 langues nationales. Une légende raconte que le même débat a eu lieu au moment de l’indépendance. Certains voulaient l’officialisation d’une langue nationale parmi les autres. Le président Modibo en bon leader leur a répondu : « Nous sommes des fédérateurs, nous voulons rassembler ; choisir une seule langue et l’imposer aux autres créerait des divisions. Continuions avec le français. »
En dehors de ce point, le texte dans sa globalité a été salué par beaucoup d’observateurs qui le trouvent très innovant. Les changement majeurs sont entre autres : le Président de la République n’a plus le pouvoir de dissoudre le parlement, qui au contraire peut destituer le Président, plus de motion de censure contre le gouvernement, le parlement va être composé de deux chambres, la création d’une cour de comptes, des dispositions rigoureuses relatives à la bonne gouvernance et aux droits humains fondamentaux et le statut des légitimités traditionnelles.
Ces aspirations de certains Maliens sont pour l’ère difficile à réaliser, eu égard au niveau d’alphabétisation dans nos langues. Mais aussi pour préserver l’union et la cohésion entre les Maliens.
La Rédaction Horontv.ml