Longtemps considéré comme l’une des grandes valeurs héritées de nos ancêtres, le SINANKUNYA ne semble plus qu’une coquille vide entre incompréhension et influence de la civilisation occidentale. Les jeunes ne s’en servent plus, d’autres ignorent les contextes de ses utilisations.
Convoqué à Kurukan Fuga au lendemain de l’historique bataille de Kirina qui a vu la victoire de Soundiata Keita sur Soumaoro Kanté, les représentants des douze tribus du Mandé, ont adopté une charte afin de régir la société manding.
Le SINANKUNYA était en quelque sorte un pacte de non-agression entre les composantes de l’Empire du Mali à l’époque de Soundiata Keïta. C’est un système de cousinage à plaisanterie permettant aux habitants du royaume d’éviter les agressions, les conflits en calmant les tensions. Ce pacte introduit dans la célèbre charte du Mandé en son article sept stipulait qu’il est institué entre les « Mandenkas le SINANKUNYA » (cousinage à plaisanterie).
En conséquence, un différend né entre les groupes ne dégénérer, le respect de l’autre étant la règle. « C’est parti d’un constat de Soundiata Keita qui, lors de la trêve pendant la guerre. Les combattants se taquinaient entre eux. Certains se flattaient pour dire c’est grâce à moi qui tu es sauvé. Ainsi de suite. Soundiata a vu que cela est intéressant et a proposé l’instauration du SINANKUNYA dans la charte de Kurukan-Fuga. C’est partant de ça que la pratique a été instaurée. », nous explique le traditionaliste Nouhoum Cissé.
Les « Sinankous », c’est-à-dire les cousins à plaisanterie se taquinent entre eux dans le seul but de plaisanter. Cependant, ils s’entraident et se vouent un respect mutuel. Quand un « Sinankou » te demande de laisser une chose, l’autre se sent dans l’obligation de s’exécuter au nom des liens de cousinage qui les unit. « Quel que soit le degré des relations, la colère peut s’installer par moment. C’est ce qui a amené nos ancêtres à initier des choses qui permettront d’harmonier la Société. », soutient l’homme de culture.
Il est déplorable de voir les jeunes délaisser ce lien, on a tendance à considérer nos valeurs séculaires comme des vieilles traditions. Selon Diango FANE, commerçant ce sont les individus malintentionnés qui ont mis en mal beaucoup de nos pratiques. Sinon, le SINANKUNYA ne date pas d’aujourd’hui. C’est une passion pour moi. Le travail que je mène actuellement a été financé par un peulh. Cela grâce au SINANKOUNYA. Le cousinage peut même désamorcer la bombe. Il met fin à la mésentente dans un foyer.
D’autres utilisent ce pacte pour se livrer à des actes condamnables : « Dans le passé, on se servait de SINANKUNYA pour calmer les esprits. De nos jours, c’est le contraire. La pratique est faite avec des injures graves. On s’insultait père et mère. Ce n’est pas cela le but. Ma cousine Wattara ne cesse de me taquiner tout le temps. Elle taquinait tout Coulibaly de passage, hommes et femmes. On s’accepte entre nous, car c’est entre cousins. », regrette la ménagère Bintou Coulibaly.
Même si les jeunes ne s’en servent pas, le SINANKUNYA reste une arme efficace pour la résolution des incidents entre communautés. Ce trésor, de nos ancêtres doit être préservé, voire institutionnaliser la cohésion et vivre ensemble dans nos communautés.
La Rédaction : Horontv.ml