21 mars 2022. Il y a un an, le monde apprend par presse, le décès de l’ancien premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maiga en détention. Dimanche 26 mars 2023, sa fille, Nana Mariam Maiga, était l’invitée de l’émission Joliba Focus de la télévision Joliba TV News. Voici le récit d’une fille sur tout ce qui a prévalu à la mort de son père faisant froid dans le dos, notamment les alertes, les propos entendus, le comportement de certains, entre autres.
« On retient un père qui était très affectif et disponible, un ami de ses enfants qui était toujours disponible…», a introduit la 2ème fille du défunt. Diplômée de licence en relations internationales et de master en études de développement de l’institut des hautes études internationales et de développement de Genève, Nana Mariam rapporte que le matin du décès, Arbiche, l’attaché de son père, avait appelé très troublé pour dire qu’il faudrait qu’on l’aide à manger au déjeuner, car il n’avait plus de force.
Mariam ajoute que sa sœur Fadi lui disait que c’est avec plaisir qu’elle lui donnerait à manger, mais Nana penses-tu qu’il peut supporter ça ? Comme je l’ai dit, il ne voulait à aucun moment que l’on puisse sentir une faiblesse en lui ou qu’il est dépendant d’une manière ou d’une autre.
« Tu t’imagines Fadi me donner à manger ! ». Effectivement, Dieu ne l’a pas permis. Il n’a pas permis qu’il se sente une fois de plus diminué ce jour-là », explique Nana Mariam Maiga visiblement très touchée.
Des cris d’alerte à tous les niveaux
« Quand on lui demandait comment allait son moral, il nous disait que depuis qu’il a compris ce qui se passait, il est tranquille (…) Il nous disait : ils pensent m’avoir à l’usure, sauf s’ils me tuent, mais ils ne peuvent pas atteindre mon esprit. », a-t-elle dévoilé.
Rapportant les propos de son père concernant l’affaire judiciaire, Nama Mariam révèle que son papa s’est toujours maintenu dans une position de réserve parce que premièrement le secret défense lui était imposé et secundo, il estimait que les différents rapports sur cette affaire étaient clairs, notamment celui de la Cour Suprême ainsi que les arrêts rendus par cette dernière.
Cette affaire, commente Nana, concerne bien l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires qui est différente du dossier de la Loi d’orientation et de programmation militaire et ses 1230 milliards, dans laquelle, avait-il dit qu’il n’est pas concerné, car ayant quitté le ministère avant cette loi qui date de 2015.
Selon elle, personne ne peut imaginer tout ce qui s’est passé entre le 19 août 2021 et le 28 mars 2022. « Nous nous sommes battus comme on pouvait et lancer des cris d’alerte à tous les niveaux. Nous avons également tout documenté. Nous avons fait de notre mieux pour éviter l’irréparable. Lui voulait être blanchi et les Maliens voulaient connaître la vérité. De plus, il était déterminé à défendre son honneur, car ce qui est sûr le 26 août quand il a marché pour aller répondre, c’est parce qu’il a cru en la justice de son pays », regrette Nana Mariam.
« Une semaine avant le décès »
D’une voix agaçante, la fille de SBM, déplore malheureusement, que c’est son corps qui a été remis à la famille. Et que par conséquence, qu’elle ne doute pas qu’un jour l’histoire rétablira les faits.
Nana Maiga se souvient d’une image qui la touche, « L’image qui me revient souvent en tête, c’est une fois quand on nous a laissé entrer dans la chambre pendant ces derniers jours, en partant, il nous a raccompagnés à la porte alors qu’il marchait avec une béquille. Quand il s’est retourné, j’ai regardé dans sa direction en fermant la porte et je me souviens qu’il s’appuyait sur la béquille avec beaucoup de difficultés, mais il a voulu rester fort jusqu’à la fin. En nous raccompagnant à la porte, il voulait nous montrer qu’il tenait et parfois, on jouait le jeu parce que l’on savait qu’il n’aimait pas se sentir faible, mais on savait que ça n’allait pas. », a-t-il rappelé.
« Le jour où nous avons été reçues à la Présidence une semaine avant le décès quand on lui a fait le compte rendu, je pense qu’il a senti que nous étions un peu découragées. Il nous a demandé si on n’était pas trop déçues mais on jouait à l’optimisme. Je me souviens qu’avant de partir, il m’a serré fort la main. J’ai senti que c’était une manière de nous encourager parce qu’il était inquiet pour nous (…) Mais je pense que c’était aussi un au revoir. », avait senti Nana Mariam Maiga.
« Vu qu’il était isolé dans sa chambre d’hôpital et qu’il n’avait plus de force, un jour il est tombé sur son dos et s’est cogné la tête, et ça il nous l’a caché pendant quelques jours. C’est suite à cet incident qu’ils ont enfin permis à un infirmier de rester auprès de lui dans la chambre. Malheureusement il nous a quittés une semaine après. », a-t-elle révélé.
Il faut rappeler que l’ancien premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga avait d’abord perdu en son fils, Idrissa Maiga dit Idy en février 2021 à l’âge de 33 ans.
La Rédaction : Horontv.ml