Depuis un certain temps, l’Université du Mali est confrontée à un certain nombre de problèmes dus à l’effectif surabondant, au manque d’infrastructures, à la pénurie d’enseignants, à la mauvaise adaptation du système LMD… Le cas de la Facultés des Sciences Économiques et de Gestion est dramatique. Sur le 60 milles bacheliers de la session 2021-2022, près de 20.000 devraient se retrouver au seul établissement supérieur la FSEG. Ceux-ci vont s’ajouter aux étudiants déjà inscrits. Ce qui, pour le doyen Soboua Théra, nécessite une limitation des inscriptions.
Plusieurs étudiants sont inscrits chaque année à l’Université du Mali pour un nombre restreint d’enseignants. Peu de recrutement annuel d’enseignants. Manque des infrastructures adéquates pour contenir l’effectif excessif. A cela, s’ajoutent les grèves intempestives. Les étudiants qui ont quitté chez eux pour poursuivre leurs études restent à la maison de place. Conséquence, certains d’entre eux ont viré pour d’autres domaines comme l’armée, le commerce… à cause de la situation qui prévaut.

Pour une capacité normale d’accueil de 2400 places, la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion compte plus de 42.000 étudiants inscrits pour le cycle de la licence. Un effectif d’une faculté qui dépasse celui de trois universités réunies. L’Établissement souffre aussi du manque d’enseignants. La plus grosse faculté compte moins de 120 enseignants repartis en vacataires et permanents. Soit un seul enseignant pour plus de 350 étudiants. Le problème de salle se pose également pour les travaux dirigés, TD, qui doivent de tenir dans une salle de 50 étudiants par groupe de travail. Pendant que l’effectif des étudiants augmentait, les ressources financières diminuent. Malgré l’effort inlassable du corps enseignant qui travaille d’arrache-pied, les conditions financières sont dérisoires.
C’est comme si l’État ne se soucie pas de ce qui se passe ou du moins il abandonne les enfants des pauvres à leur sort. Après les inscriptions, les étudiants sont obligés de passer une année académique complète à la maison avant de commencer les cours sans aucune raison. Et chaque semestre de la licence dure plus d’une année, à cela s’ajoute l’attente interminable des résultats entre les semestres. Ce qui fait que pour une licence de trois ans, il faut cinq ans voire six ans pour valider les six semestres.
« Une charge de plus »
Cette année encore, la massification continue, car près de 20.000 nouveaux bacheliers ont choisi la FSEG, qui est déjà au bord du gouffre. Pour tout observateur avisé, c’est un péril qui se profile à l’horizon, car il faut craindre un éventuel désengorgement qui risque d’occasionner un arrêt total. Pour remédier à ce problème, le doyen de ladite Faculté, le docteur Soboua Théra rapporte que l’administration a décidé de limiter les inscriptions après avoir validé plus 14.000 étudiants sur le nombre inscrit en ligne. Selon le professeur Ibrahim Touré, chargé de cours à l’Université de Bamako : « Depuis 2016, il n’y a pas eu de recrutement d’enseignants à la FSEG. À cela s’ajoute des exigences du système LMD. La faculté est obligée de se débrouiller. Tous les jours, les cours commencent à 6h jusqu’à 20 heures. Toutes les salles sont occupées. Conséquences, les promotions s’entachent. Nous sommes arrivés à un niveau où il est carrément impossible que les cours se dispensent comme souhaité », s’indigne-t-il.

Face à ce désastre, les étudiants sont animés par un sentiment de désespoir et d’inquiétudes. La désillusion est immense ; ils se sentent abandonnés par les autorités du pays. Dindi Diallo, une jeune étudiante à la FSEG pense que l’État ne se soucie pas d’eux : « Ceux qui n’ont pas les moyens de faire l’université privée sont obligés de passer 5 ans pour un cursus de trois ans », s’apitoie-elle. « Actuellement beaucoup d’étudiants qui sont venus de l’intérieur ont abandonné pour d’autres activités. Moi-même, j’ai des camarades de promotion qui ont viré pour le corps, d’autres sont en train de mener de petits commerces. Cette situation est générale, mais le cas de la FSEG est dramatique », nous a-t-elle révélé.
Accompagnée de son fils également étudiant de ladite faculté, une dame, septuagénaire, que nous avons abordée ne cache pas son ra-de-bol sur la situation. « Cela fait 5 longues années que nos enfants trainent. Ils n’avancent pas ». Pour elle, ces enfants qui sont sensés leur prendre en charge après les études, constituent aujourd’hui une charge de plus. Ce sont les parents eux-mêmes qui s’occupent des dépenses liées aux études de ces derniers.
Installés à l’entrée de l’établissement sur la colline du Savoir, les membres de l’Association des Élèves et Étudiants du Mali (AEEM), ont également exprimé leur désarroi face à la situation. Ils disent avoir usé de tout leur possible afin de pallier ce dysfonctionnement.
Les étudiants de la licence 2 semestre 4 de la Faculté des Sciences et de Gestion, FSEG, faut-il informer, procèderont du 16 au 17 mars 2022 aux examens de l’année universitaire 2018-2019. Ces étudiants seront répartis entre trois filières, soit 2189 de la filière Économie, 2134 de la gestion et 1630 de l’Assurance, Banque, Finances. Cette Faculté relève de l’Université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako (USSGB).
La rédaction horontv.ml