Il y a deux ans une marée humaine a pris d’assaut des édifices publics et même un lieu de culte à Bamako, contre le pouvoir dirigé par lbrahim Boubacar Keita, ancien président de la République du Mali. Une manifestation qui fait suite à l’appel à la désobéissance civile du Mouvement du 5 juin, Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), sur le Boulevard de l’indépendance, en présence des ténors du regroupement dit anti-IBK. L’autorité morale, Imam Mahmoud Dicko, n’a pas, ce jour-là, répondu présent à ce rassemblement tenu le 10 juillet 2020.
Du 10 et jours suivants, pendant au moins trois jours de manifestations, il y a eu des morts estimés à plus d’une vingtaine. Des jeunes ont été tués devant la mosquée de l’mam Mahmoud Dicko à Badalabougou.
Selon de nombreux témoignages, les éléments des forces de l’ordre seraient à l’origine de ces tueries. D’autres rapportent que la responsabilité est à partager entre ceux qui ont donné l’ordre de tirer et ceux qui ont appelé à la désobéissance civile.
La déclaration, faut-il rappeler, avait été lue en français par Mme Sy Kadiatou Sow, ancien ministre, et traduit en Bamanakan par Issa Kaou N’Djim, ancien membre du Conseil National de Transition. Répondant à cet appel, les manifestants ont occupé des édifices publics, comme l’ORTM, l’Assemblée Nationale entre autres.
Pour l’enquête, quelques actes ont été posés mais la suite reste à désirer.
Quelques jours après les évènements, le docteur Choguel Kokalla Maiga, président du Comité stratégique du M5RFP, s’est adressé au public à la faveur d’une conférence de presse. Il a expliqué que pour accepter la demande du médiateur de la cedeao, il faudrait que les complices des éléments qui ont été utilisés soient identifiés et traduits devant la justice. Il a rapporté que la scène a été filmée, car il y avait une caméra. C’était l’une des conditions pour le M5 d’engager un dialogue avec le régime d’alors.
« Nous avons déposé une plainte depuis le 22 juillet 2020, mais rien n’est fait. On n’a pas besoin de quatre mois pour connaître qui a donné l’ordre de tirer. Ils n’ont rien fait. », avait dit Choguel Kokalla Maïga sur un plateau télé avant de devenir premier ministre.
Dans une lettre datant du 12 juillet adressée au Secrétaire Général du ministère de la sécurité et de la protection civile, le Premier Ministre, docteur Boubou Cissé, a émis son souhait d’être situé quant à l’implication des éléments de la FORSAT dans le dispositif du maintien d’ordre voire de la répression.
Le Procureur de la République près le tribunal de grande instance de la commune 3 du district de Bamako, chargé du pôle économique et financier de Bamako, Mahamadou Kassogué, actuellement ministre de la justice, a accordé, le 5 août 2020, une interview à la télévision nationale. Dans cet entretien, Kassogué a indiqué que les enquêtes sont en cours au niveau du juge d’instruction qui a été saisi du dossier. Selon lui, le juge a commencé l’audition des victimes et témoins. Cette interview fait suite au communiqué du 12 juillet 2020 annonçant l’ouverture d’une information judiciaire au sujet des évènements des 10, 11 et 12 juillet 2020.
Un second communiqué datant du 23 juillet 2020 a été publié par le même parquet appelant les victimes qui n’avaient pas encore été auditionnées à se présenter à son cabinet pour être mises en rapport avec le juge d’instruction en charge du dossier.
Selon le même communiqué, une invitation a été lancée aux éventuels témoins qui peuvent contribuer à la manifestation de la vérité.
Parmi les nombreux chefs d’inculpation, on peut retenir, les faits d’assassinats, coups et blessures volontaires aggravés, menaces de mort, violences et voies de fait, utilisation illégale d’armes à feu contre des manifestants, violation de domiciles et de lieux de culte, destruction d’édifices.
En septembre 2021, le commandant de la Forsat (unité anti-terroriste rassemblant policiers, militaires et gendarme), Oumar Samaké a été incarcéré. Sous la pression de ses éléments, il a été libéré. Après quelques jours de négociations et de cafouillages, Oumar Samaké s’est finalement constitué lui-même prisonnier.
Dans le même sillage, le président d’honneur de la CMAS, l’imam Mahmoud Dicko, a organisé une journée, samedi dernier, en hommage aux victimes de ces évènements de juillet 2020. Il a fait savoir que les personnes qui ont perdu la vie lors de ces évènements sont mortes pour la cause de la nation, et que Dieu fasse que cette bonne cause soit une réalité dans notre pays.
La Rédaction : Horontv.ml