Les troupes maliennes, à leur tête le chef d’etat-major de l’armée de l’air le Colonel Alou Boï Diarra ont pris les commandes de la base militaire de Tombouctou, ce mardi 14 décembre 2021.
Un redéploiement opéré en coordination avec les forces françaises de l’opération Barkhane. Celles-ci expliquent que ce retrait « ne constitue pas un abandon, mais une autre façon d’agir. » Une situation que les habitants de la ville des 333 saints et de Bamako perçoivent différemment.
Dans les rues de Tombouctou, les habitants n’hésitent pas à saluer les soldats de Barkhane. Ils y sont présents depuis huit ans. Mais aujourd’hui, l’opération antiterroriste française au Sahel se transforme. La Minusma, la mission de l’ONU au Mali, en coopération avec les forces armées maliennes, continuent d’assurer la sécurité de la ville et la tranquillité des citoyens. Les militaires maliens ont été entrainés pendant plusieurs semaines, du partenariat militaire opérationnel au partenariat de combat.
Prendre son destin en main
Selon le commandant de la force Barkhane, le général Etienne du Peyroux, l’armée française sera présente autrement : les FAMa, qui vont reprendre le site, sont en capacité de mobiliser les moyens dont Bakhane continue de disposer de Gao à Niamey pour des appuis aériens.
Le but de ce retrait, selon lui, est de permettre au Mali de prendre son destin en mains à travers ses forces après une phase de préparation, de montée en puissance, d’entrainement en commun, et toujours dans le cadre du partenariat avec une présence moins physique par des moyens adaptés.
L’expression « abandon en plein vol », devenue célèbre depuis que le Premier ministre Choguel Maiga l’a prononcée à la tribune de l’ONU, « est impropre », selon le général français, « car cela signifie que tout s’arrête alors que les choses continuent différemment avec une autonomisation de garantie de sécurité ».
Décennie de perte
Dans tous les cas, des populations de la ville de Tombouctou s’inquiètent de ce départ. Hamidou Mohamed, citoyen, affirme que les habitants ont besoin de la force Barkhane à Tombouctou. « Jour triste » pour Mohamed El Bechir, président du Conseil communal des jeunes de Tombouctou. « Ce départ, ajoute-t-il, sera une perte pour la ville et la région de Tombouctou. » « Nous souhaitons que Bakhane reste jusqu’à ce que l’armée malienne soit capable de se défendre toute seule », abonde dans le même sens la présidente des femmes au niveau communal, Mme Touré Fatouma Tandina.
En dépit de ces inquiétudes soulignées par les populations de la ville des 333 saints, d’autres sont défavorables à la présence française. Kibilé Dembélé du mouvement On a tout compris, depuis Bamako, ne fait pas de cadeau à la France : « L’armée française n’a rien fait. C’est une décennie de perte pour la nation malienne. C’est un bilan catastrophique. Pourtant, lorsque l’armée française intervenait en 2012, c’était de l’enthousiasme partout au Mali, mais après on est déçus ».
Sentiment partagé par Alex Doumbia, un autre habitant de Bamako. « La France a montré qu’elle n’a pas d’amis mais des intérêts, affirme-t-il. Ce retrait de Bakhane est une bonne chose, car pendant 9 ans rien n’a été fait. C’est pourquoi, la génération consciente a compris et souhaité l’intervention de la Russie.»
La rédaction horontv.ml