La police nationale et la protection civile ont désormais un statut militaire. Publiée le 27 octobre dernier au journal officiel, la loi a été votée à l’unanimité par le conseil national de transition. A la rencontre des différents protagonistes se sont exprimés. Du citoyen lambda au spécialiste des questions sécuritaires via les policiers syndicalistes en passant par les législateurs.
La militarisation est le fait de placer les policiers sous le contrôle de l’armée, car, ils étaient jusque-là considérés comme des entités paramilitaires. Cette subordination aux forces armées permet à la police et à la protection civile de bénéficier également des mêmes avantages que les militaires.
Cette militarisation est l’une des recommandations formulées par les Maliens lors des Assises Nationales de Refondation en décembre 2021. Les autorités maliennes justifient cette décision : « Cette militarisation permettra de déployer la police nationale dans les zones reconquises par l’armée afin d’y assurer la sécurité des populations et de leurs biens empêchant le l’avancée des forces du mal. »
Selon les spécialistes et les observateurs de l’armée, sous le régime du général Moussa Traoré, dans les années 70, l’Etat avait militarisé la police. Cela s’est soldé par des répressions souvent sanglantes des opposants politiques et les étudiants revendicateurs. Suite au soulèvement populaire qui a abouti à la chute du président Traoré en 1991, les Maliens ont, lors de la conférence nationale, opté pour une démilitarisation.
La police et la protection civile ne vont pas abandonner pour autant leurs missions régaliennes qui sont entre autres le maintien de l’ordre et le secourt lors des accidents et autres catastrophes. Elles apprendront à manier les armes et auront d’autres prérogatives.
Certaines personnes n’ont pas caché leurs inquiétudes en ce qui concerne le maintien de l’ordre par des désormais militaires. Mais les autorités et les policiers rassurent que cela se fera par les policiers, mais avec des moyens proportionnés. « Les policiers continueront à maintenir l’ordre, ils auront seulement d’autres prérogatives, mais ils continueront à assurer leur mission essentielle qui est de permettre les paisibles citoyens de vaquer librement à leur occupation », explique le policier syndicaliste au sein de la synergie.
Après le vote de la loi, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile a souhaité la bienvenue aux policiers en ces termes : « Bienvenue aux policiers dans l’armée. Désormais c’est la discipline, plus de syndicalisme », a- t-il fait savoir le ministre Daoud Aly Mohammedine. Avant lui, un fervent membre du CNT soutient du régime disait ceci : « les gens ne veulent plus du syndicalisme au sein de la police », a déclaré Aboubacar Sidick Fomba.
A l’analyse des spécialistes, la militarisation de la police vise à briser l’élan syndical des policiers, les autorités voient en ce dynamisme de militantisme une menace pour l’autorité de l’Etat. « On ne pouvait pas se permettre du laxisme de certaines forces paramilitaires à un certain niveau de responsabilité. Surtout quand il s’agit des forces qui sont sensées être dotées de raison », fustige Dr. Amadou Albert Maïga, premier secrétaire du CNT. Récemment, les policiers avaient frondé pour aller libérer le commandant de la Forsat avant qu’ils ne finissent par se reconstituer prisonnier. Ce dernier était en détention préventive dans le cadre d’une enquête judicaire.
Le statut militaire ne rime pas avec le syndicalisme. Les policiers rejoignent, la cour de la grande muette.
La rédaction : horontv.ml