Le licenciement de Diocolo Coulibaly de son poste d’huissier-réceptionniste à l’ambassade du Mali aux États-Unis a eu des résonances jusqu’au Mali. Dans la presse malienne, des informations indiquent que l’ambassade du Mali a été assignée en justice aux États-Unis. Une source à l’ambassade dément catégoriquement.
Il est reproché à l’ambassadeur du Mali aux États-Unis, Mahamadou Nimaga, d’avoir abusivement licencié Diocolo Coulibaly “sans avertissement et sans préavis après neuf ans de service”. Et que, par conséquent, l’Etat malien aurait été assigné en justice aux États-Unis.
Selon nos informations, Diocolo Coulibaly a été licencié « pour faute lourde ». Parmi les griefs retenus à l’encontre de Diocolo Coulibaly, figure la publication d’un article daté du 15 janvier 2021 dans “Le Sphinx”, dans lequel il “ fait croire que les partenaires techniques et financiers ne sont pas rassurés par la gouvernance actuelle du pays”, peut-on lire dans la lettre adressée au ministre des Affaires étrangers et de la Coopération internationale et que nous avons eu le privilège de consulter.
Le 19 septembre 2019, il avait signé dans le même journal un article faisant état d’une plainte du personnel de l’ambassade “devant le Congrès, les tribunaux, le Sénat américain, le FMI et la Banque mondiale contre Boubou Cissé [ alors premier ministre, ndlr] et l’ambassade pour violations de leurs droits”.
Les rappels à la retenue et au devoir de réserve que lui impose son statut d’employé au sein d’une mission diplomatique n’y ont rien fait. « Diocolo doit savoir qu’il est régi par un contrat local lui imposant des obligations de réserves…», poursuit une source. De fait, le personnel local est régi par le droit américain et non le code du travail du Mali.
Un membre du personnel de l’ambassade, contacté, confie que l’ambassadeur a reçu M. Coulibaly dans son bureau pour lui donner “un dernier avertissement” il y a quelques mois. Il avait, ajoute notre source, écrit un article dans lequel l’ambassadeur est traité de “voleur et incompétent” après le retard dans le paiement des salaires lié aux sanctions contre le Mali à la suite du coup de force militaire du 18 août 2020.
Pour mémoire, Diocolo Coulibaly avait fait l’objet d’un licenciement en 2011, du temps de l’ambassadeur Mamadou Traoré, pour “ abandon de poste” alors qu’il était Agent d’entretien. Lorsqu’il a réintégré l’ambassade après le départ de Mamadou Traoré, il avait reçu un rappel à l’ordre de la part du nouvel ambassadeur après avoir publié un autre article dans “Le Reporter” en 2012, contrairement à ses obligations professionnelles.
« Je vous invite au respect scrupuleux des dispositions de ce contrat et de son annexe « Employée Handbook », en son point « Business ethics and conduct », imposant à tout employé, d’éviter toute action ou attitude pouvant, dans le cadre du respect de l’éthique, affecter la marche normale et la crédibilité du service. », avait rappelé à l’époque l’ambassadeur Keita.
M. Diocolo Coulibaly dit être membre de l’Union nationale des travailleurs du Mali (#UNTM) et Secrétaire général du bureau syndical de l’ambassade. “ Il n’existe aucun syndicat dans aucune ambassade du Mali”, indique-t-on à l’ambassade. A l’UNTM, si le secrétaire aux revendications Moustaphe Djitteye confirme l’appartenance de Diocolo Coulibaly, le secrétaire administratif, M. Bengaly, est plus nuancé. Ce dernier confie que la centrale syndicale a reçu une lettre de l’ambassade au sujet de Diocolo Coulibaly, mais n’a pas encore réagi.
Affaire à suivre…Malick Konate