Depuis un certain temps, les migrants subsahariens en Tunisie subissent des agressions. Cette situation qui devient récurrente a poussé l’Associations Malienne des Étudiants et Stagiaires et le Haut Conseil des Maliens établis en Tunisie de faire un communiqué, le 23 février 2023, dans lequel ils demandent aux étudiants des universités privées de suspendre leurs cours jusqu’à nouvel ordre. En raison de cette situation difficile, plus de 130 migrants Maliens ont regagné le pays, samedi dernier.
Selon les estimations du ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Alhamdou Ag ILYEN, ils sont 135 qui sont arrivés dont 25 femmes, 13 enfants et 1 malade. Avant de préciser que c’est le premier convoi et les listes sont ouvertes à l’ambassade du Mali en Tunisie. Toutefois, le ministre en charge des Maliens de l’extérieur salue le peuple tunisien qui, en majorité, s’est mis en écart de cette situation.
Pour le colonel Sadio Camara, ministre de la Défense et des Anciens Combattants, les compatriotes maliens ont beaucoup peiné avec cette situation. « Nous avons déploré et condamné ces actes qui n’honorent ni les autorités tunisiennes ni le peuple tunisien. », regrette l’officier supérieur malien.
A l’aéroport international où ils ont été accueillis par les autorités maliennes, le président de l’Association malienne des étudiants en Tunisie, Ould Saleck Bachir, a expliqué que les étudiants vivent dans des conditions très précaires. « Nous faisons face à des agressions, des menaces et des arrestations. », a fait savoir le président Bachir sans oublier d’autres problèmes comme la carte de séjour entre autres.
A travers des audios, des jeunes affirment clairement qu’ils sont victimes d’agressions. « J’ai été agressé par sept personnes. Mon ami et moi étions dans un transport en commun. Un gars a voulu retirer le téléphone. On s’est défendus, mais les agresseurs étaient plus nombreux que nous. Ils nous ont vraiment tabassés. Malgré l’intervention d’un vieux, ils n’ont pas arrêté de nous tabasser. Ceux-ci hurlaient à nous demander de rentrer chez nous », nous explique un jeune agressé dans un audio.
Certains se réjouissent d’avoir retourné au bercail. A l’image de Abramane Doumbia, étudiant : « Je suis content ; je vais voir ma famille. De plus, je suis en sécurité. Personnellement je ne sortais plus, je restais enfermé dans ma maison, je ne partais plus à l’école, j’étais enfermé carrément chez moi ».
Conventions signées contre la torture…
En effet, dans la nuit du jeudi au vendredi, un groupe d’individus malveillants a mis le feu à la devanture et encerclé la résidence du secrétaire général de l’Association des Étudiants et Stagiaires Maliens en Tunisie dans le quartier Ariana. Selon la note de la chargée d’Affaires, il aurait fallu l’intervention de la police pour éviter le pire. Avec cette situation, une liste de retour a été ouverte, de concert avec les représentants des Associations des Maliens vivants en Tunisie et les Étudiants et Stagiaires.
Très préoccupé de la situation, le gouvernement malien a, à travers le Secrétaire Général du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, reçu en audience, le 28 février 2023, le chargé d’Affaires de l’Ambassade de Tunisie au Mali. C’était en présence du Chef de Cabinet du Ministère des Maliens Établis à l’Extérieur et de l’Intégration Africaine.
Le gouvernement a exprimé ses préoccupations au sujet de la situation actuelle des migrants d’origine subsaharienne en général et des compatriotes maliens en Tunisie en particulier.
Le secrétaire général n’a pas hésité de qualifier d’inacceptable les scènes de violence physique, d’expulsion de leurs bâtiments ou d’expropriation de leurs biens dont sont victimes les migrants maliens.
Vu les bonnes relations de coopération entre le Mali et la Tunisie, le représentant de la diplomatie malienne souligne que les consultations politiques devraient dans ce cadre prendre en charge les préoccupations des deux pays.
Auparavant, l’association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie a officiellement déploré et annoncé des cas d’agression perpétrés sur des étudiantes.
Dans son communiqué, l’AESAT, rapporte qu’en dépit du calme observé, le 26 février dernier, il y a eu l’agression des étudiantes boursières de coopération tuniso-ivoiriennes à la sortie de leur foyer universitaire à Ibn Khaldoum. Une situation qui a donc obligé les membres de l’Association à appeler les étudiants et stagiaires à la prudence.
Mais, pour ce qui concerne le communiqué de l’Association malienne des Étudiants et Stagiaires en Tunisie, AMEST et du Haut Conseil des Maliens établis en Tunisie, relatif aux arrêts des cours, Il n’est pas partagé par tout le monde. Ainsi, des réactions ont surgi.
Suite aux décisions de l’AESAT et de l’AMEST sur les arrêts de cours pour la sécurité face aux violences qui ont été observées sur pratiquement toute l’étendue du territoire Tunisien, Sagara Andoulé Abdoulaye affirme que certes, l’information est assez audacieuse de la part desdites associations.
Mais, pour lui, les membres devraient avant de prononcer l’arrêt des cours, dû engager une stratégie de communication informant les établissements de leurs préoccupations avant d’émettre l’information. « Je demande de prendre des décisions et de l’assumer. Je ne dirais pas de cesser les cours, mais je vous demande de penser à votre sécurité », a-t-il insisté.
En dépit des conventions signées contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, les agressions se poursuivent sur les migrants. C’est suite à cette situation récurrente qu’une liste a été ouverte pour le retour volontaire des Maliens établis en Tunisie.
La Rédaction : Horontv.ml