Contraints d’accéder à la décharge installée à Lafiabougou, les habitants du quartier n’ont pas d’autre choix que de brûler les déchets en plein centre-ville. Une situation qui n’est pas sans conséquence sur la santé des habitants.
Le débordement de la décharge d’ordures de Lafiaboubou, Bamako, constitue une véritable préoccupation des populations riveraines. Les familles riveraines peinent à trouver une réponse de la part des autorités en charge de la question relative à ces tas d’ordures qui bloquent souvent les passages du cimetière. Des jeunes réunis en collectif ont pris leur destin en main. Ils ont décidé d’interdire l’accès aux charretiers une fois rempli. Ces derniers qui font le tour des familles pour ramasser les déchets moyennant une rémunération ont augmenté le prix, car ils sont obligés d’aller décharger les charrettes plus loin. N’ayant pas assez de moyen, les habitants procèdent au brulage des déchets en plein centre-ville. Conséquences, la fumée dégagée par ce brulage provoque des maladies respiratoires qui constitue une atteinte grave à la santé et à l’environnement.
Niatou Soumaré est habitante de Lafiabougou : « Depuis que l’accès au dépôt d’ordures nous a été interdit, les charretiers qui viennent chercher les déchets, nous demandent de payer 4000 jusqu’à 5000 fcfa. Faute de moyens, on est obligés de les bruler ». Pour expliquer les raisons de cette décision, le président du Collectif des Familles riveraines de Lafiabougou, Balla Kantara Dembélé rapporte : « Ce dépôt de transit existe depuis 14 ans. Au début, les consignes données étaient qu’il servira de dépôt de transit, notamment un dépôt qui est transporté après trois jours vers le dépôt final. Contrairement à ce qui a été dit, le dépôt a été transformé en un dépôt final. Les ordures restent stockées. Alors que cela a des conséquences. Les gens sont atteints des problèmes respiratoires dans le quartier et des cancers. C’est la raison pour laquelle on a décidé d’interdire le dépôt des ordures ici pour le moment ».
S’exprimant sur la question, le doyen Balla Keita, septuagénaire qui a pour métier de transformer les déchets ménagers depuis longtemps a fait une petite historique du dépôt : « avant, on brûlait les ordures à la voirie. Ce qui par la suite a été interdit par la même voirie. C’est ainsi que sous l’ancien président du Mali, Alpha Oumar Konaré, ce dépôt a été installé ». Répondant presque dans le même sens, un autre transformateur des déchets ménagers, Aboubacar Kanouté ajoute que les ordures étaient déversées par terre. Par la suite, ils ont amené une poubelle dans laquelle les habitants devaient mettre les déchets. « Cela n’a pas marché », a-t-il malheureusement déploré.
Si la décision des jeunes du collectif d’interdire les habitants d’accéder au dépôt constitue un moyen de pression pour que les autorités procèdent à l’évacuation des tas d’ordures, la solution préconisée par les habitants de bruler les déchets permet certes de réduire le volume des ordures. Mais qu’en est-il des conséquences ? Selon le docteur Salif Koné, pneumologue : « Ces déchets avant d’être brûlés sont responsables de certaines maladies environnementales dont le paludisme, l’asthme entre autres. Cela entraine la propagation des moustiques et lorsqu’on les brule, il y a une fumée qui est dégagée. Cette fumée est responsable des maladies respiratoires. Les personnes touchées par ces maladies respiratoires doivent faire extrêmement attention en se mettant à l’abri de ces fumées. »
« C’est une situation qui nous préoccupe beaucoup. Surtout les odeurs que les déchets dégagent », déplore Djènèbou Sidibé, habitante de Lafiabougou.
La Rédaction : Horontv.ml