Fénelon disait que quoiqu’on aime sa patrie, il ne faut jamais la flatter. Cette pensée du philosophe français du XVIIe siècle est aux antipodes de ce que l’on voit au Mali.
Le patriotisme du Malien n’est pas loin du fanatisme, car il faut applaudir tout ce qui se passe ou se décide par les autorités sans émettre un avis contraire. Ceux qui se démarquent de cette manière de voir les choses payent souvent très cher. Ils sont traités de « Fassoden-Djougou » en Bamankan, qui signifie mauvais citoyen. Aux Grins de discussions, sur les réseaux sociaux, le sujet donne lieu à des débats souvent très houleux.
Les citoyens maliens ont des perceptions différentes de la notion. Pour certains, le patriotisme, c’est tout simplement l’amour d’un citoyen envers sa patrie. « Le patriotisme, c’est de défendre sa patrie, d’aimer son pays. Faire une union sacrée autour de l’essentiel. Cela doit commencer d’abord par l’amour de la famille élargi au quartier pour ensuite aimer sa patrie. », avance Hamidou Fofana, réparateur dans un garage à Hamdallaye ACI/2000.
Pour d’autres, le patriotisme, c’est la volonté d’un citoyen pour se mettre en règle, c’est-à-dire s’acquitter de ses droits civiques. Le journaliste et bloggeur malien Boureima Soulo soutient cette thèse : « un patriote c’est quelqu’un qui voue sa vie à la défense de sa patrie. C’est également celui qui fait tout pour être en règle avec les textes établis par son pays. »
Dans le destin d’une nation, certaines situations font vibrer la fibre patriotique. Selon Alfousseyni Koné, commerçant de son état, « Tout bon citoyen doit tenir compte du contexte actuel du pays afin d’agir dans le bon sens »
Bien qu’il n’existe pas d’instrument de mesure du degré de patriotisme d’un citoyen, certains citoyens pensent que faire une analyse objective qui diverge de leur avis, fait d’autre citoyen un traitre. « Un mauvais citoyen pose toujours des actes par l’encontre de son pays. ». C’est ce que pense Coulibaly Dédé Traoré, vendeuse ambulante de crème glacée.
D’où la tendance un peu amusante sur les réseaux sociaux, de patriotisme S.A, certains internautes et bloggeurs utilisent ce concept pour taquiner les patriotes de Facebook et des vidéos directs. Il s’agit des Soundiata Kéita du Boulevard de l’indépendance et des pages facebook.
Le but de cette formule est de montrer qu’il ne suffit pas de battre le pavé pour devenir patriote. Tout bon citoyen contribue au rayonnement du pays. Il n’y a pas de petit patriote ! Les journalistes qui bravent tous les dangers pour donner la bonne information, apportent leur pierre à la construction de l’édifice. Les médecins, les sportifs, les artistes, et même le modeste paysan de Niono ne sont pas moins patriotes qu’un ministre de l’Etat.
Le patriotisme n’est pas seulement un vain mot, il doit se traduire dans les actes. Mais l’on constate que de nos jours peu des gens sont prêts à se sacrifier pour le pays. « Cela s’explique parce qu’il y a eu des mauvaises politiques de gouvernance qui ont fait que les gens ne croient plus à la notion de Patrie et de République.
Ces dirigeants ont fait beaucoup de mauvaises choses aux citoyens, en détournant des fonds publics, ils ont trahi et déçu les espoirs. Maintenant, le peuple se dit ce ne sont plus mes affaires, je cherche mon pain quotidien… », explique le journaliste Seydou Oumar Traoré, directeur de la Radio privée Baoulé.
Attention, il existe une différence entre citoyen et patriote. « Le simple fait de naitre sur un sol nous donne le droit de citoyenneté, mais on devient patriote à travers nos actes. »
La Rédaction : Horontv.ml