Elle a marqué l’histoire du Mali de par son engagement pour la cause des femmes à travers sa rigueur et ses convictions. Qui était celle que tous les Maliens appelaient affectueusement Tanti Sira ?
Mme Diop Sira Sakiliba est née le 31 mars 1929 dans la cité des Balazans, Ségou, quatrième région administrative du Mali. Considérée comme étant la première bachelière du Mali, elle a fréquenté très tôt la célèbre l’école des institutrices de Rufisque, d’où elle sort comme institutrice.
Membre fondatrice de l’Intersyndicale des femmes travailleuses du Soudan, présidente de l’union des femmes travailleuses du Soudan, présidente du congrès constitutif de l’union des femmes de l’Afrique de l’Ouest.
En 1961, elle fut la première lauréate du concours des inspecteurs d’enseignement primaire. Elle exerça le métier d’enseignement jusqu’en 1962 date où elle devint la directrice du prestigieux lycée des jeunes filles. Devenant ainsi, la première dirigeante noire, après le départ des blancs de cet établissement qui produisait l’Elite féminine malienne à l’époque. Celle que l’on appelait Tanti Sira, dirigea d’une main de fer ce lycée, devenu aujourd’hui le lycée Ba Aminata Diallo. Ses anciennes disciples, qui sont dans tous les rouages de l’administration malienne, s’en souviennent encore. Parmi ses anciennes élèves, l’historienne Adam Bah Konaré et Aminata Maïga, respectivement épouses des présidents Alpha Oumar Konaré et Ibrahim Boubacar Kéita.
Respectée de tous, elle aura été la pionnière de toutes les luttes féminines, elle a présidé également l’Union Nationale des femmes du Mali, au lendemain de l’indépendance. Elle a apporté son expertise dans le monde des ONG, les villages d’enfants SOS.
L’octogénaire était de celles qui décidèrent de jouer un rôle de premier plan dans le développement de leurs pays mettant en place des organisations féminines. Selon elle, le féminisme : « Ce n’est pas une lutte contre les hommes. Ici, c’est la promotion des femmes », avait-elle l’habitude de dire.
« C’est une femme de principes, les blancs avaient écrit une note sur elle : Mlle Sira Sissoko apte pour le commandement », nous a confié la réalisatrice malienne Fatoumata Coulibaly qui lui a consacré un film documentaire intitulé Fleuve intarissable.
Experte dans plusieurs domaines, elle a piloté beaucoup de programmes de l’UNESCO, UNICEF et OMS en tant que fonctionnaire internationale, même en dehors du continent.
Distinction honorifique
Ses mérites ont été reconnus à l’échelle internationale. Elle était citoyenne d’honneur de deux villes américaines : Indianapolis et Hazard. Grand Officier de l’ordre national du Mali, Chevalier de l’ordre national du lion du Sénégal.
Le parcours exceptionnel de Sira Diop est une source intarissable pour s’orienter dans un Mali d’incertitude. Elle s’est éteinte le 17 novembre 2013 à Bamako.
La rédaction horontv.ml